Libye : le nouvel exécutif toujours en quête de légitimité

Jeudi 5 Mai 2016 - 14:13

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Né après de longues tergiversations, le gouvernement d’union nationale dirigé par Fayez Al-Sarraj, et soutenu par les Nations unies, manque toujours de légitimité, pour la simple raison que le Parlement peine à se réunir pour un vote de confiance à ce nouvel exécutif.

Basé à Tobrouk dans l’est du pays, le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale devait, depuis plusieurs semaines, se retrouver pour un vote de confiance en faveur de ce gouvernement. Fort malheureusement, et faute de quorum, en raison notamment des dissensions qui le gangrènent, ce vote tant attendu a été maintes fois reporté en dépit des pressions de la communauté internationale. Ce vote annoncé pour la dernière fois pour le 18 avril dernier avait été aussi reporté sine die.

Malgré cette situation, un espoir semble demeurer puisque 102 députés sur 198, ayant affirmé dans une déclaration avoir été précédemment empêchés de voter formellement, ont dit « accorder leur confiance au gouvernement d’union nationale ». Les intéressés ont demandé que la session lors de laquelle les ministres devront prêter serment soit organisée dans un plus bref délai dans un autre lieu que Tobrouk, dans l’est du pays. En février dernier, une centaine de députés avaient déjà exprimé leur soutien au gouvernement de Fayez Al-Sarraj, mais la communauté internationale pressait le parlement de tenir un vote de confiance officiel.

Ce que l’on peut retenir du parlement de Tobrouk, c’est qu’il était associé à un gouvernement qui était reconnu par la communauté internationale jusqu’à la formation de l’exécutif d’union. Pour l’heure, il est difficile de savoir ce que ses députés veulent concrètement puisque rien ne prouve que ce cabinet est prêt à transférer ses pouvoirs au gouvernement d’union installé à Tripoli, le 30 mars dernier.

Depuis lors, ce gouvernement a reçu le soutien d’acteurs économiques-clés comme la Banque Centrale et la Compagnie nationale pétrolière. De même, une partie des autorités qui contrôlaient Tripoli lui ont aussi prêté allégeance, y compris celles rivales du gouvernement de Tobrouk. Malgré ces soutiens annoncés, le gouvernement de Fayez Al-Sarraj ne devra ménager aucun effort pour asseoir son autorité naissante sur la totalité du territoire libyen et surmonter un obstacle majeur : le refus du gouvernement de l’est de lui céder le pouvoir avant le vote de confiance.

Faudrait-il parler aussi d’une nouvelle marque de soutien que le gouvernement de Fayez Al-Sarraj a reçue avec la visite à Tripoli du ministre britannique des Affaires étrangères, Philip Hammond, quelques jours après celles de ses homologues italien, français, allemand, espagnol et portugais. Le ministre britannique des Affaires étrangères, par exemple, qui avait évoqué avec le Premier ministre libyen des priorités dans les domaines de la sécurité, de la relance de l’économie et du rétablissement des services publics, avait promis une aide de 10 millions de livres (environ 12,6 millions d’euros) à la Libye.

La réticence du cabinet de Tobrouk, loin de décourager, les nouvelles autorités libyennes, les gardent tout de même optimistes. C’est pour cela que le vice-Premier ministre désigné, Ahmed Meitig, a indiqué que quelle que soit l’issue du vote du parlement, les choses tourneront toujours à l’avantage de l’exécutif d’union.

Tout compte fait, les choses semblent se normaliser en Libye, puisque plusieurs pays européens envisagent de rouvrir leurs ambassades dans ce pays miné par des années de violences et de luttes de pouvoir. Quant à l’intense activité diplomatique des Européens, il sied de noter qu’elle coïncide avec l’annonce de l’émissaire, Martin Kobler, du retour de la mission des Nations-unies (Manul) en Libye, pays qu’elle avait quitté en 2014 en raison des violences.

Par tout cela, on comprend pourquoi la communauté internationale pousse à la reconnaissance de ce gouvernement d’union nationale en Libye : il reste selon certains observateurs, le seul moyen susceptible de mettre fin au chaos dans ce pays riche en pétrole, d’arrêter l’immigration clandestine vers l’Europe, et de lutter efficacement contre le groupe djihadiste Etat Islamique.

 

Nestor N'Gampoula

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