Libye : les combats se poursuivent près de Tripoli

Lundi 3 Septembre 2018 - 15:45

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La capitale libyenne est le théâtre d’affrontements meurtriers entre milices rivales depuis plus d’une semaine, notamment des groupes fidèles au gouvernement d’union nationale qui combattent la 7e brigade de la ville de Tarhouna, à 60 Km au sud-est de la capitale. Ces combats ont déjà fait quarante-sept morts, dont la plupart des civils, selon le ministère de la Santé.

Le 3 septembre, pour la huitième journée consécutive, de violents combats ont opposé les deux camps, selon des témoins. « Des familles coincées au milieu des combats n’ont pas pu être évacuées. Les groupes armés ferment les routes menant à leurs positions, du coup, ils bloquent l’accès à l’aide et aux secours », a confié Ali Oussama, un porte-parole des services de secours.

Un jour auparavant, quelque quatre cents détenus s’étaient évadés après une émeute dans leur prison de Ain Zara, dans la banlieue sud de Tripoli. Après cette évasion, la nouvelle a transpiré dans toute la ville soulignant que la plupart des détenus de cette prison sont soit de droit commun soit d’anciens partisans du régime de l’ex-président, Mouammar Kadhafi, qui ont été condamnés notamment pour meurtre au moment de la rébellion de 2011. Mais un responsable du ministère de la Justice, qui a requis l’anonymat, a précisé que les partisans de l’ancien régime sont détenus dans une partie où « aucun trouble n’a été enregistré ». « Les principales figures de l’ancien régime sont détenus dans une autre prison à Tripoli ainsi qu’à Misrata, à 200 km à l’est de la capitale », a-t-il ajouté.

Les analystes de la situation en Libye estiment que l’enjeu des combats entre les milices rivales est le contrôle de certains lieux stratégiques de la capitale. Il s’agit, entre autres, de l’accès au pouvoir mais aussi l’accès aux ressources financières, précisément le pétrole.

Exclue de Tripoli il y a un peu près d’un an pour rétablir la sécurité, la septième brigade conteste cette situation et se bat présentement pour réclamer sa part du gâteau. Deux tentatives d’établir une trêve ont échoué la semaine dernière, une situation qui, selon des observateurs, « révèle une nouvelle fois l’incapacité » de l’actuel Premier ministre, Fayez al-Sarraj, à contrôler les différents groupes armés.

La situation qui prévaut en Libye a conduit les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie à dénoncer l’escalade de la violence à Tripoli. « Tous ceux qui tentent d’affaiblir les autorités libyennes auront à répondre de leurs actes », ont averti ces pays. Reste à savoir si la condamnation et l’appel de la communauté internationale à cesser les combats vont faire retomber les tensions.

Depuis 2011, Tripoli est au cœur d’une lutte d’influence entre milices en quête d’argent et de pouvoir. Quant à la Libye, elle est dirigée par deux autorités rivales : le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli et un cabinet parallèle installé dans l’est et soutenu par l’Armée nationale libyenne, force paramilitaire dirigée par le maréchal Haftar. Chacun dispose de sa banque centrale, sa « compagnie nationale » de pétrole et de son agence de presse officielle. Ce qui fait que le pays soit toujours déchiré par des luttes de pouvoir et miné par une insécurité chronique.

 

 

Nestor N'Gampoula

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