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L'intégration économique: pilier de l’intégration régionale

Lundi 26 Janvier 2015 - 10:35

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 Depuis plus d'une décennie plusieurs  pays africains réalisent des taux de croissance en nette progression avec des taux moyen de 5 pour cent.  Mais ces  performances encourageantes sont essentiellement le fait des pays exportateurs de matières premières: pétrole, bauxite, cuivre, fer, manganèse, platine, etc. qui  ont vu leurs prix presque tripler en cinq ans grâce à l’explosion des besoins des pays émergents comme  la Chine, l’Inde et le Brésil.

On a pensé que les revenus procurés par ces ressources pouvaient contribuer au développement du continent. Ce n'est pas encore le cas pour nombreux d'entre eux. Alors même qu'ils sont dotés  d'un potentiel minier et hydrologique  incomparable, ils ne  disposent en général pas de structures productives de qualité. Deux facteurs explicatifs sont généralement cités pour justifier ce retard dans la course vers le progrès.

À l'origine de cet état de chose, il y a premièrement l'étroitesse du marché et la faiblesse de la population. Ces deux  éléments placent plusieurs pays africains dans une  sorte de dilemme asymptomatique. Tantôt ils manquent de matières premières alors qu'ils sont dotés d'une population relativement nombreuse au regard de leur étendue. Tantôt les matières premières sont abondantes mais le marché demeure étroit.

Face à ce qui peut apparaitre comme un dilemme, quelle solution pour un développement harmonieux et intégré en Afrique?

S'unir dans un vaste marché régional pour tirer profit des matières premières

 De nombreux spécialistes qui se sont penchés sur la question estiment à ce jour que l'intégration régionale et surtout son aspect économique reste la meilleure réponse à ce problème. Car estiment-ils, l'intégration économique peut favoriser un flux commercial important  dans la constitution d'un grand marché  débarrassé des contraintes de circulation internes. 

Les échanges commerciaux constituent un grand stimulant pour l'économie d'un pays. Mais les échanges intra-africains demeurent encore insignifiants. Cela s'explique à la fois par la faiblesse du tissu industriel que par la mauvaise organisation du marché. Aussi la construction d'un  vaste marché dans le cadre de l'intégration  régionale représente-t-elle une vraie opportunité  pour ces pays.

Elle permettra aux pays qui ne disposent pas de ressources naturelles suffisantes de tirer profit du potentiel de leurs  partenaires. Certains  pays sans corridors maritimes pourront s'ouvrir au monde via des ports de pays voisins. C'est le cas de la Centrafrique et du Tchad en Afrique centrale. L'appartenance à un marché commun réduit les coûts de production grâce à l'élimination des tarifs et à la mise en place des  politiques communes  qui permettent de réduire ou éliminer les taux multiples. Les pays les plus performants peuvent servir de locomotive et de modèle pour tirer les plus faibles. 

 

 

L'intégration économique  et commerciale   au service du développement

 Si la disposition de ressources naturelles importantes  et les revenus que leur vente  procure ne se traduisent pas sur le terrain par une amélioration substantielle de l'économie et de la qualité de la vie des citoyens, c'est par ce que  ces pays ne disposent pas encore d'une capacité productive suffisante. Cette capacité productive ne peut à elle seule suffire. Pour être efficace,  elle doit être accompagnée par une capacité de consommation suffisante. Or les pays africains sont en général sous-peuplés. L'étroitesse du marché national couplé à une faible capacité productive entraine une économie faible et maintient le pays dans la pauvreté.

La diversification de l'économie africaine et le développement de sa capacité productive  dans le cadre d'un vaste marché régional apparait comme une nécessité urgente pour créer les bases de son développement. C'est dans ce cadre que les dirigeants africains ont depuis présenté l'intégration régionale comme  une opportunité de mutualisation de leurs efforts  afin d’arriver à surmonter d’une manière ou d’une autre les obstacles à la croissance sur des marchés de taille trop restreinte.

L'intégration est un processus qui prend en compte plusieurs aspects de la vie des États. Elle concerne ainsi les aspects politiques, juridiques, économiques, monétaires, et commerciaux. Selon l'économiste, Vrigman cité dans le rapport de la Cnuced 2009 ; il y a trois  variables clefs  qui déterminent l'implantation d'une entreprise. Ce sont :

- La taille du marché

- Les coûts de production et la disponibilité des facteurs de production pertinents

- L’accès au marché.

 Le marché africain est très segmenté. On estime qu'il est plus facile à un Congolais d'acheter à Paris que de faire venir des produits du Cameroun voisin ou de Kinshasa en face. Cela à cause des tracasseries diverses et  aussi du manque des voies de communications fiables. Ce qui entraîne  des coûts commerciaux importants. Car des bassins de production (produits alimentaires) aux marchés (lieu final de vente), les ruptures de charges sont nombreuses, constituant autant d’obstacles qui peuvent influencer l’offre de produit (coût de transport, levage, conservation, etc.) qui agissent négativement sur l’offre en quantité et en qualité et  donc de prix. Ce qui peut décourager l’investisseur.

Les avantages de l'intégration régionale sont nombreux. Elle permet de réaliser des effets de variété et d'accumulation qui constituent des stimulants pour les investisseurs et les consommateurs. La constitution d'un  grand marché régional grâce à l’intégration économique  peut contribuer à l’élimination des barrières physiques et administratives et favorise la libre circulation des capitaux, de la main d’œuvre et des biens.

 

 

Emmanuel MBENGUE

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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