Lire ou relire : "Le repentir du roi" suivi de" Kidjii Fourgno" de Mahamat Aly El-Hadj Ahmat

Vendredi 15 Mars 2019 - 12:19

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Après son roman autobiographique « L’écolier d’Abkar Djombong », l’écrivain tchadien compile dans son nouvel ouvrage deux genres différents, la prose romanesque et la poésie.   

Voilà encore une œuvre qui rappelle le fameux cri « nous vaincrons (l’apartheid) » de la pièce "L’Etudiant de Soweto" du dramaturge tchadien, Maoundoé Naïndouba. Sauf que dans le roman "Le repentir du roi", Mahamat peint une autre forme de victoire. Celle de l’homme noir sur lui-même.

L’écrivain plonge ses lecteurs dans un espace d’avant la colonisation. Ranid, le roi autoproclamé, impose un règne tyrannique à « Manga, un pays à la fois de forêts et de montagnes, luxuriant, verdoyant, au sol fertile et aux habitants laborieux ».

Sadique à outrance, le roi abuse systématiquement des mineures qu’il arrache aux familles pour en faire de futures épouses. Mais un jour, à la manière des contes, à cause du charme et de la bonté de Touva, une mystérieuse jeune fille qui lui donnera un triplé de jumeaux, le roi renonce à ses pratiques déshumanisantes.

Au centre de ce récit est décrite l’image rétrograde de la femme au sein de la société traditionnelle, comme l’illustre cet extrait : « Les gens du royaume Manga ont une conception particulière, infantilisante, manichéiste de la femme. La femme, croient-ils, est un sécrétoire de mal social : trahison, conspirations, lâcheté, méchanceté, cupidité, naïveté, jalousie, indiscrétion, ingratitude… ».

La seconde partie du livre, intitulée "Kidjii fourgno", compte trente poèmes en vers libres. Il s’agit des textes qui laissent transparaître soit l’indignation, soit l’exaltation du poète. Avec des titres comme "Victimes", "La verte", "Poto-Poto", "Sans espérance", "Démocratie", "Devise avortée", etc.  

L’écriture de Mahamat Aly est une quête d’humanisme au-delà de la dénonciation des contre-valeurs sociales et de certaines actions naufrageuses des fils du continent. Sa poétique s’exprime à travers un langage policé et un concrétisme patent.    

Mahamat Aly El-Hadj Ahmat est né à Manga Kourdadet, dans la région du Ouaddaï, au Tchad, vers 1953. Diplômé d’études supérieures en lettres modernes de l’université Marien-Ngouabi, il a été directeur de l’Office national des sports, député à l’Assemblée nationale, président de la Haute Cour de Justice, enseignant à l’Institut supérieur des sciences de l’éducation, avant d’être attaché à l’ambassade de la République du Tchad auprès de la République du Congo.

Aubin Banzouzi

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