Lire ou relire : « Les larmes, le cœur et le rire » de Pierre Ngouala

Vendredi 28 Décembre 2018 - 12:19

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« L’homme naît bon mais c’est la société qui le corrompt », observait Rousseau. La corruption est comprise dans le roman de l'écrivain congolais comme le refus de l’homme de se mettre à l’écoute de la voix de la conscience, laquelle voix donne sens à la vie.

Dès lors, toute tentative de vie construite hors de ce principe n’est qu’opacité. En se vautrant dans la nébuleuse de l’occultisme, le mal devient le critérium de la vie. A la page 32, il est écrit : « (…) Jeanne était devenue experte en pratiques occultes, en sciences du mal. Elle avait d’ailleurs fini par en faire don à toute sa progéniture. » L’occultisme devient la base qui supporte la charpente de tout le pouvoir royal. « J’ai été longtemps dans l’aveuglement, sous l’emprise des forces occultes. J’ai géré le royaume comme eux l’ont voulu sans sagesse ni discernement. » pp. 102-103.

Cela étant, l’homme est pris comme dans une sorte d’étau. Dans ces conditions, tout le monde se regarde en chien de faïence. Mû par l’esprit de haine, l’on oublie même les bonnes actions menées en sa faveur. Mais à côté de ces forces occultes, il existe des forces positives qui régissent le monde, celles qui frappent le royaume.

"Les larmes, le cœur et le rire" est un récit fantasmagorique qui s’incruste à la vie des personnages livresques. Le surnaturel est, d’une part, la source des forces ténébreuses et, de l’autre, la source des forces bienveillantes qui sont la cause du bonheur de l’héroïne. Dualité propre aux techniques narratives des conteurs.

En effet, à six ans après la mort de ses parents, Sansy est élevée par sa tante Thélie, une mégère, entichée à des pratiques occultes. Auprès d’elle, l’enfance de Sansy n’est faite que des méandres. Elle est maltraitée, persécutée, bousculée et même répudiée. N’ayant plus de toit où reposer sa tête, elle devient « la duchesse des plaines et des savanes » p. 9. C’est dans cette situation de sans domicile fixe qu’un jour lui apparaît dans un rêve « une grande dame, toute de blanc vêtue » qui lui donna une pierre qu’elle fixera en toute circonstance. Grâce au surnaturel, elle connaîtra une ascension fulgurante.

Diplômée, sa rencontre avec Petolo transforme sa vie. De ce couple, naîtront Nerlan et Love, deux enfants choisis avant leur naissance, comme leurs parents, d’ailleurs, pour délivrer le royaume des forces occultes en instaurant un règne nouveau qui repose sur « l’amour, la vérité, la dignité, l’intégrité, la loyauté, la tolérance et la justice ». p.107.

Dans un style simple et limpide, l’auteur fustige l’ésotérisme à travers une narration construite autour du pouvoir. Un pouvoir pareil à un cercle vicieux qui favorise le règne des hommes sans cœur, enfermant la population dans les affres « de la douleur, la souffrance et des peines » p 68. Né en 1956 en République du Congo, Pierre Ngouala est un haut cadre du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation de son pays.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Image illustrative

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