L’Italie voit émerger des Congolais en politique

Mercredi 16 Avril 2014 - 18:42

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En moins de cinq ans, des Italiens d’origine congolaise ont pris place sur l’échiquier politique

Il y a aura très certainement quelque grincheux pour regretter ce fait, mais la nature est ainsi faite. En Italie, on voit émerger ces mois-ci des hommes et femmes politiques africains dans les rangs des partis politiques, de gauche comme de droite. Et comme de juste, beaucoup d’entre eux proviennent d’Afrique centrale, et même plus majoritairement des deux Congo.

Il y a eu l’ère de Jean-Léonard Touadi, le premier député noir du Parlement italien. Originaire du Congo-Brazzaville, il a été préfet de la ville de Rome avant de devenir député sous les couleurs du Parti démocrate, la plus grande formation de gauche en Italie. Mais aux dernières élections législatives où il a été battu, son adversaire politique direct, concourant pour un parti de droite, n’était autre que Fidèle Mbanga Bawuna.

Originaire quant à lui de République démocratique du Congo, « Fedele » comme on l’appelle en italien, est une figure notoire de la télévision publique italienne. Son nom reste attaché au journal télévisé régional du soir sur la chaîne RAI. Le spectacle de ces deux « bro’ » (brothers, comme disent les Africains-américains, les frères), était piquant à voir, d’autant que les deux étaient opposés à peu près sur tout : la citoyenneté, l’immigration, l’économie…

Pour les deux hommes, au parcours presque identique (Jean-Léonard Touadi a été lui aussi présentateur d’émission à la RAI), l’irruption de Cécile Kyenge Kashetu a représenté une autre savoureuse particularité de cette diaspora congolaise en vue. Ophtalmologue issue des milieux associatifs de gauche, elle aussi est membre du Parti démocrate où l’ancien Premier ministre Enrico Letta la remarqua et la nomma ministre de l’Intégration.

Ce gouvernement n’aura duré que dix mois et ce passage dans le fauteuil ministériel représentera sans doute pour longtemps un vrai calvaire pour la « sistà » (sister, comme disent les Africains-américains, la sœur). Elle a été l’objet d’attaques pesantes sur ses origines, ses caractéristiques physiques ou intellectuelles, sa citoyenneté ou ses qualifications qui ont été le point de prétexte trouvé par les extrémistes pour déverser sur elle des torrents de haine raciste.

Et voici maintenant qu’un autre Congolais pointe son nez dans la politique italienne ! Et il choisit un parti de gauche, qui avait été celui de Jean-Léonard Touadi au départ, l’Italie des Valeurs (IDV). Il s’agit d’Isang Matungulu, né en République démocratique du Congo. Il a été aligné sur les listes des candidats de ce parti pour les élections européennes du 25 mai prochain.

Ses chances d’être élu sont faibles, disent les observateurs, mais sa présence confirme l’Italie des Valeurs comme le parti qui « lance » les candidats de la diaspora en politique. Rien d’étonnant à cela : ce parti fut  fondé par l’ancien juge Antonio di Pietro, l’homme qui ébranla la classe politique italienne par ses procès dans les années 1990, les fameux « mani pulite » (mains propres) contre la corruption. La nouvelle classe politique apporte du sang et des mœurs neufs ; elle devrait se sentir en phase avec les idéaux de l’IDV.

Lucien Mpama