Littérature : Beata Umubyeyi Mairesse, lauréate du prix des Cinq continents de la Francophonie 2020

Mercredi 27 Janvier 2021 - 21:15

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Les membres du jury, décerné par l’organisation internationale de la francophonie (OIF), décernent le prix des Cinq continents à Beata Umubyeyi Mairesse pour son roman « Tous tes enfants dispersés », publié aux Editions Autrement.

Le choix des membres du jury s’est porté sur ce roman qui est une « ode à la transmission, à la pulsion de vie, ce roman d’une grande émotion contenue porte les voix de trois générations dans la mémoire des années génocidaires afin de retrouver un sens de la vie. Il y est question des retrouvailles douces-amères entre une vieille mère et sa fille qui avait pu échapper au génocide du Rwanda, occasion d’une évocation à la fois historique et intime de ces années cauchemardesques dont nous garderons mémoire grâce aux témoignages des poètes et des justes ».

L’histoire de ce roman primé parle de Blanche, qui revient au Rwanda auprès de sa mère, Immaculata, et de son frère, Bosco, après avoir fui le pays au moment du génocide de 1994. Mariée à un Antillais, elle est mère d'un petit garçon métis, Stokely.

Au sein de la maison familiale de Butare, elle espère pouvoir enfin entendre la voix de cette mère si secrète. C'est une forme de dialogue silencieux qui se met en place, alternant les points de vue de Blanche, d’Immaculata et d’un narrateur omniscient qui pourrait figurer cette troisième génération qu’est Stokely.

Sous une pudeur et avec une retenue trompeuse les deux femmes dévoilent leurs doutes et leurs douleurs, Immaculata tournée vers Bosco, ce fils qui n'est jamais vraiment revenu de la guerre et Blanche, fragile et maladroite devant le besoin d’identité de son propre fils.

Beaucoup de sujets de débats féministes actuels sont soulevés par Beata Umubyeyi Mairesse, et cela tout en délicatesse. En parallèle, l’horreur du génocide n’en est que plus prégnante et s’imprime littéralement dans l’esprit du lecteur.  

Beata Umubyeyi Mairesse est née en 1979 au Rwanda. Survivante du génocide en 1994, elle arrive en France en juillet de la même année. Après le lycée, elle entame des études littéraires, obtient un diplôme de l’institut d’études politiques de Lille, puis un DESS en coopération internationale et développement à l’université Panthéon – Sorbonne.

Elle a travaillé pour des ONG internationales avant de s’installer en 2007 à Bordeaux où elle coordonne des projets de prévention en santé. Elle y a fondé et coanime un cercle de lectures afro-caribéennes.

Mention spéciale pour le roman « Ténèbres » de Paul Kawezak

Le Jury a également décerné une mention spéciale à Paul Kawezak pour son roman Ténèbres publié aux éditions La Peuplade : « Le roman du franco-canadien Paul Kawzack écrit dans l’ombre portée de Joseph Conrad, est un texte puissant, décalé à souhait.  En 1860, le roi des Belges envoie son géomètre effectuer le tracé prétendument civilisateur du territoire colonisé du Congo soumis corps et âmes à l’enrichissement du colonisateur. « Ténèbres » inventorie comme au scalpel la barbarie de ce que l’Europe appelait alors le progrès ».

Le Prix de la francophonie qui célèbre ses vingt ans sera remis à Paris, au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie, dans le courant du mois de mars, en marge de la Journée internationale de la Francophonie, le 20 mars 2021.

Doté d’un montant de 15 000 euros, pour le lauréat et de 5 000 euros pour la mention spéciale, le Prix des cinq continents, créé en 2001, permet de mettre en lumière des talents littéraires reflétant l’expression de la diversité culturelle et éditoriale en langue française sur les cinq continents.

Ce prix permet également d’offrir à l’auteur un rayonnement international. Le lauréat bénéficiera d’un accompagnement promotionnel pendant toute une année, l’OIF assurant sa participation à des rencontres littéraires, foires et salons internationaux identifiés de commun accord avec lui.

Son prestigieux jury est composé d’écrivains de renom, originaires de tout l’espace francophone, à l’instar de Paula Jacques (France-Égypte), Jean-Marie Gustave le Clézio (Maurice), Lise Bissonnette (Canada-Québec), Ananda Dévi (Maurice), Hubert Haddad (France-Tunisie), Monique Ilboudo (Burkina Faso), Vénus Khoury-Ghata (Liban), Liliana Lazar (Roumanie), Wilfried Nsondé (Congo), René de Obaldia de l’Académie française (Hong Kong), Lyonel Trouillot (Haïti), Abdouramane Waberi (Djibouti), Jun Xu (Chine) et Gilles Jobidon (Canada-Québec), lauréat du prix en 2019.

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

(@Rodolphe Escher/Flammarion)

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