Littérature : l’apport des langues africaines dans le français

Jeudi 21 Mars 2019 - 20:14

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Les pays ayant la langue française en commun ont célébré, le 20 mars, la Journée internationale de la Francophonie. La prévention et la résolution des conflits, la promotion du développement et de la démocratie sont les buts que poursuivent en commun ces pays. Mais au-delà de ces objectifs, la Francophonie permet aux peuples de cet espace de se retrouver et de partager autour de la langue française.

Nous connaissons les origines latines, grecques, arabes de la langue française. Mais nous ignorons souvent que de nombreuses expressions africaines contribuent à l’évolution constante de la langue de Molière. Une langue qui compte tout de même trois cents millions de locuteurs selon l’Organisation internationale de la Francophonie. Pour le linguiste et lexicographe Alain Rey, il ne faut plus parler du français, il faut parler de français au pluriel.

Quand le français se nourrit du lexique d’Afrique francophone

« Mordre le carreau » ou « faire palabre ». La signification de ces expressions vous échappe peut-être. Mais au Burkina Faso, au Togo ou en Côte d’Ivoire, elles font partie du vocabulaire de tous les jours. Preuve que la langue française est riche et imagée. Elle le doit à sa capacité d’accueil à travers les siècles. Sur plus de trente-cinq mille mots du français courant, près de cinq mille sont d’origine étrangère.

Il y a beaucoup de créativité de la part des Africains. Car on ne parle pas de la même façon là où il y a eu une influence belge, ou dans un pays comme le Sénégal.

Le français d’Afrique a imposé « ambiancer » (mettre de l’ambiance) ou « ambianceur » dans certains milieux de jeunes alors que c’est un verbe qui nous vient du Sénégal et des environs. Il y a bien d’autres mots qui sont peu connus comme les « senseris » (station d’essence). Ils commencent pourtant à l’être grâce à la présence des communautés d’origine africaine ou maghrébine en France. Les nouveaux vocables font leur entrée par les milieux populaires et la banlieue. Ensuite, ils rejoignent le langage courant puis, pénètrent tous les milieux.

Il existe un centralisme français ancien ou jacobin de l’après-révolution qui consiste à tout ramener au français parlé en Ile-de-France, et non seulement au détriment du français hors de France. Mais aussi au détriment de celui des régions françaises. 

Les mots qui ne sont pas employés en France sont tout aussi importants que ceux qui le sont. Il faut en tenir compte pour décrire l’ensemble du français.  

Une francophonie foisonnante

On ne peut plus parler d’un français singulier et parisien. Les français se valent tous et ont tous des particularités pour désigner des réalités régionales. Mais aussi des mots qui recouvrent des notions tout à fait générales qui mériteraient d’être connus partout.

Il y a une mondialisation générale qui est bourrée d’anglicismes et une globalisation à la française qui peut venir des différents points de la francophonie. Il ne faut pas oublier qu’on parle le français plus ou moins bien dans les cinq parties du monde. 

Tout cela a un impact sur le français qui est parlé en Europe, considéré comme le français central. Avec les mouvements de population, l’influence d’un vocabulaire venu d’ailleurs sur le français de France et de Belgique, les enrichissements dus aux différents points de la francophonie hors de France sont considérables. 

Expressions africaines qui enrichissent le français

  • Avoir un deuxième bureau : au Congo, cela signifie avoir une maîtresse.
  • Frapper les formes : au Congo, cela signifie bien s’habiller.
  • Avoir des boules : être créatif, avoir de l’imagination.
  • Avoir deux bouches : en Côte d’Ivoire, cela signifie être hypocrite, menteur.
  • Mouiller la barbe : acheter le silence de quelqu’un.
  • Poser sa candidature : déclarer son amour à quelqu’un.
  • Dallasser : au Sénégal, ce terme tiré de la célèbre série américaine « Dallas » signifie craner, rouler des mécaniques.
  • Un deux doigts : un pickpocket agile.
  • Conduire dans tablette de chocolat : conduire sur une route en mauvais état.

 

 

Boris Kharl Ebaka

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