Livres : Richard Ali écrit « Et les portes sont des bouches »

Mercredi 18 Novembre 2020 - 16:29

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Dans une interview à cœur ouvert accordée au Courrier de Kinshasa, l’auteur a déballé sa vision des choses, sa passion et son attachement à la liberté d’expression et aux droits fondamentaux. Tout est passé au peigne fin, sans oublier son prochain ouvrage. Richard Ali A Mutu, ce passionné de l’écriture, a à son actif plusieurs ouvrages parmi lesquels l’actuel « Ebamba Kinshasa Makambo ».

Le Courrier de Kinshasa : Quelle est votre perspective du métier d’écrivain en République démocratique du Congo ?

Richard Ali : Il est vrai qu’à un moment, le métier était très sombre. Moi, je me souviens bien quand on venait à l’horizon,  le tableau était très sombre, mais aujourd’hui, on sent qu’il y a de l’avenir pour ce métier, il y a de l’espoir. Si hier, les rencontres littéraires avaient du mal à rassembler beaucoup de personnes, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Hier, on n’avait pas des prix littéraires mais aujourd’hui on a les prix Makomi, Zamenga et autres.  Tous ces éléments me font croire qu’il y a lieu d’espérer.  Donc, pour moi,  la perspective est bonne.

LCK : La propension des plusieurs jeunes et autres personnes à devenir écrivains, à publier des ouvrages, ce trop-plein, ne vous fait-elle pas craindre l’infiltration ?

Richard Ali : Très bonne question et une très belle observation. Moi, au contraire, je m’en réjouis et cela étonnerait plus d’un. Je te rappellerai que quand on venait dans ce métier, lorsqu’on demandait à un jeune quel sera son métier d’avenir, il répondait avocat, médecin, musicien ou footballeur. Bref, tout sauf écrivain. Mais aujourd’hui vous m’avez présenté comme écrivain. Nous, lorsqu’on a commencé, nous préférions nous présenter comme des jeunes écrivains pour éviter de déranger nos aînés dans la profession. C’est de là qu’est né le concept jeune écrivain. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Moi, j’ai pris de l’âge mais j’ai des jeunes frères qui arrivent dans la profession et qui se disent des écrivains avec des modèles. Et cet état des choses me réjouit au plus haut point parce que, vous savez, la société congolaise évolue avec une sorte de contraste : on veut une chose et son contraire. D’abord, on déplore le manque d’intérêt à la lecture de la part de la jeunesse congolaise, qui s’adonne beaucoup plus à la boisson. Et lorsque celle-ci se met à écrire, c’est des critiques négatives. Pour moi, tout doit commencer par-là. Vous et moi sommes jeunes et en tant que tels, nous avons eu à jouer au ballon rond mais cela n’a pas fait de nous pour autant des Lionel Messie et Cristiano Ronaldo ! L’appel est d’avoir un grand nombre parmi lequel il y aura des pépites. D’abord, il faut avoir des jeunes qui se réclament écrivains quand bien même qu’ils n’écriraient pas selon les règles de l’art. L’enjeu est de voir l’intérêt commencé avec la passion, après viendront les règles. Nous, Congolais, nous avons toutes les raisons du monde de nous réjouir de cet état des choses parce qu’au moins nous ne sommes plus dans les bars, les boites et autres.

LCK : Quelle est la finalité de l’écriture ? Poursuit-elle un objectif ou c’est selon ?

Richard Ali : Lorsqu’on parle de la littérature, des belles lettres font partie de l’ensemble qu’on appelle l’art. Et lorsqu’on parle de l’art, on fait allusion à la beauté. Ce qui fait qu’écrivain est différent d’un auteur car celui-ci écrit selon les règles mais l’écrivain écrit selon le beau. Mais, au-delà de la beauté, il peut recourir à une thématique ou à un engagement. Ce qui veut dire qu’il est écrit selon sa liberté ; il peut se réveiller un matin et se mettre à louer la beauté de Christopher. Vous n’allez pas le lui interdire sous prétexte que le pays va mal. C’est selon et c’est sa liberté

LCK : Avez-vous une autorité de régulation des écrivains ?

Richard Ali : Non. Nous n’avons pas d’organe régulateur. Néanmoins, il y a des structures qui fédèrent les écrivains pour la promotion du secteur et des œuvres de ces derniers. Il y a une structure qui naîtra sous peu, l’Association des écrivains congolais, mais qui ne sera pas un organe régulateur. Donc, il n’y a pas un organe qui est là pour sanctionner tel ou tel autre parce qu’il aurait mal écrit une phrase ou un texte quelconque. Il faut rester dans le contexte des écrivains comme artistes. Et l’artiste, c’est la liberté, qui doit être totale. Il faut arriver à libérer l’homme, en enlevant de la tête des gens cet esprit de sous-tutelle. Il faut quitter cette société qui vit des sanctions. Mais en ce qui concerne les artistes, il y aura peut-être une loi, je tiens à préciser, la loi sur le statut d’artistes. Peut-être que là le législateur aura à penser dans ce sens mais aussi je ne pense pas que les artistes verront les choses de cette manière.

LCK : Y a-t-il un nouveau roman sous votre plume en vue ?

Richard Ali : Le tout prochain roman de Richard Ali va s’intituler Et les portes sont des bouches. Ça, c’est une confidence que je vous fais. Vous l’aurez d’ici avant l’année prochaine. En attendant, contentez-vous de « Ebamba Kinshasa makambo»

LCK : Un mot de la fin ?

Richard Ali : Merci beaucoup M. Christopher Khonde pour cette opportunité. Merci aux lecteurs du Courrier de Kinshasa et à ceux de Richard Ali ainsi qu’à nos prochains lecteurs

Christopher Khonde

Légendes et crédits photo : 

Photo: Richard Ali/DR

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