Loi électorale : les sénateurs face à leurs responsabilités

Mercredi 6 Décembre 2017 - 16:53

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Le texte voté le 4 décembre, à la chambre basse du Parlement, puis transmis à la chambre haute pour une seconde lecture, continue de susciter des remous au sein de la classe politique. Les sénateurs ont la lourde responsabilité de recadrer les choses en tentant de résoudre une crise qui ne fait que se corser. 

La nouvelle loi électorale continue à défrayer la chronique politique avec, en toile de fond, un débat qui n’en finit pas sur les options levées par ce texte dont certaines seraient non fondées, à en croire l’opposition parlementaire. Les modifications ainsi apportées dans cette loi ne font pas l’unanimité. Avec un seuil de représentativité jugé élevé par rapport au potentiel électoral réel dont représentent les candidats dans leurs circonscriptions et une machine à voter aux contours flous, sans oublier la caution onéreuse, d’aucuns pensent que ladite loi fait l’affaire des riches. « Aucune réforme de la loi ne peut énerver la lettre et l’esprit de la loi  et la question du seuil touche à la Constitution », fait-on remarquer à l'opposition. Celle-ci pointe un doigt accusateur sur la majorité présidentielle, considérée comme principal artisan de cette loi électorale sortie de ses officines sans être soumise, selon les us, en examen préalable au Conseil des ministres.

En effet, des indiscrétions recueillies dans les milieux concernés font état de l’imposition, sans débat, de ce qui n’était alors qu’un projet de loi au grand dam des ministres de l’opposition obligés, bien malgré eux, de se plier à la volonté de la majorité. Il se susurre qu’au regard des dispositions contenues dans ce texte de loi, la majorité présidentielle (MP) aurait mis en œuvre, comme en 2011, sa stratégie électorale pour s’assurer une majorité aux prochaines législatives. Et cette fois-ci, le parti présidentiel entendrait rafler la quasi-totalité des sièges au Parlement sans penser à coaliser avec d’autres forces politiques pour s’assurer une majorité. Et la loi électorale en gestation, d’après l’opposition, vise à matérialiser ce schéma.

Une attitude, apprend-on, que les membres du gouvernement issus de l’opposition n'auraient pas appréciée, étant entendu qu’aucune des options convenues avec la MP n’a été respectée. Se sentant flouée vis-à-vis des partenaires politiques qui ne semblent pas jouer franc jeu, une poignée des ministres issus de l'opposition s’était retrouvée récemment autour du président du Conseil national de suivi de l'accord, Joseph Olenghankoy, pour faire le point de la situation et tirer les leçons de ce qu’elle considère comme une vilaine supercherie. L’option a été levée, après discussions, d’engager des concertations directes avec la haute hiérarchie de la majorité afin d’entrevoir la possibilité de revenir, en seconde lecture au Sénat, sur certaines dispositions qui fâchent.

C’est toujours dans ce cadre du lobbying qu’il faut situer la rencontre que le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo, a eu récemment avec les présidents des groupes parlementaires de l’opposition, dans le souci de résoudre la crise née du vote en première lecture du projet de révision de la loi électorale. Cette chambre entend donc jouer amplement son rôle de sapeur pompier pour calmer les esprits, comme elle l’a fait en  2015. Cette année-là, le Sénat avait repoussé la tentative de révision de la loi électorale et contribué à la restauration de la paix sociale jadis menacée.   

En attendant, la loi déjà transmise à la chambre haute pour une seconde lecture est appelée à être promulguée au plus tard le 15 décembre, pour se conformer au calendrier électoral publié le 5 novembre dernier par la Céni. Les sénateurs sont donc obligés de parer au plus pressé pour examiner et voter ce texte. Tout atermoiement de leur part aura une incidence sur le chronogramme électoral avec, à la clé, le risque de décaler l’échéance du 23 décembre 2018 fixée pour la tenue des élections.         

Alain Diasso

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