Loisirs : retour des jeux classiques à l’école

Vendredi 13 Avril 2018 - 17:00

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Depuis quelque temps, dans certains établissements scolaires pendant la récréation ou des heures creuses, les jeunes filles s’adonnent de plus en plus aux différents jeux classiques comme, le « lipato assis » ; le « ngola » ; « le chat » ; le « silikoté » ;  le « cercle de danse » ; etc. Tous les matins, avant ou après l’éducation physique, de petits groupes  enfilant leur maillot de sport se forment pour exécuter un  de ces jeux selon leur choix.

Au Lycée technique commercial 1er mai, un établissement à majorité féminine, le phénomène a pris de l’ampleur. Quelques filles en plein dans le « lipato assis » ont été surprises par notre rédaction.

Voici comment ça se joue : les participantes (plus d’une vingtaine) assises formant un cercle, attendent le coup de sifflet du lancement. Le jeu consiste à déposer un objet sur le dos d’une personne de son choix.  Cette dernière prendra le relais pour faire autant. Pendant le jeu, la vigilance est de mise car l’objet déposé doit être découvert en une fraction de secondes. Celui à qui revenait le rôle de déposer l'objet surveille ses camarades (cibles à toucher) qui se retournent de temps en temps. La moindre inattention avantage automatiquement l’équipe adverse qui, en quelque sorte, marque le point.

Dans l’ancienne version, au contraire, l’individu devait courir après les autres pour les toucher. Le « Lipato » est un jeu et non un sport, même s’il en a l’allure. Un jeu éprouvant, voire énervant. Mais on ne se chamaille pas car la tolérance et l’endurance s’imposent.

« Très souvent, nous emportons nos tenues de sport dans les sacs et choisissons les heures creuses pour nous défouler. C’est une façon pour nous de jouer ensemble, d’apprendre l’établissement des règles, le fonctionnement du groupe, l’échange mais aussi à marchander », expliquent-elles.

Dans la cour de l’école, on a pu aussi admirer d’autres jeunes filles se divertir au «ngola», un jeu qui se joue à deux ou plusieurs personnes avec des billes ou des cailloux sur un morceau de planche taillée sous forme de cercle ou sur le sol. Il est devenu une passion, non seulement pour les hommes, mais également pour les jeunes filles.

Un peu plus loin, un autre groupe de jeunes filles exécute le « cercle de danse » : elles forment deux rangs espacés de quelques centimètres, en se tenant en couple, l’une face à l’autre. Par tour de rôle, trois personnes s’introduisent entre les deux rangs en se tenant par la hanche. L’une d’elles entonne une chanson reprise en chœur par ses collègues. Au fur et à mesure, tout le monde s’emballe en esquissant quelques pas de danse.

Les différents jeux se jouent au vu et au su des responsables d’établissement qui peuvent intervenir en cas de dispute entre équipes. Mais souvent, cela se passe dans le calme et la discipline.

Plusieurs jeux ont traversé les siècles

Certains jeux comme le «nzango » ont marqué les époques. Ceux qui sont aujourd’hui parents se souviennent lorsqu’ils allaient à l’école. Mais le phénomène prend parfois une grande ampleur, au point de donner lieu à une sorte de compétition.

En effet, le «nzango» n’a pas perdu sa place, même s’il est devenu un jeu sportif à part entière. Mêlant gymnastique, danse, chanson et une bonne dose de chance, il a été inventé au Congo bien avant l’indépendance. L’appellation signifie littéralement « jeu de pieds » en langue nationale, lingala. Les joueuses marquent des points en fonction de la position de leurs pieds par rapport à ceux de leur adversaire. L’équipe gagnante est celle qui marque le plus de points à l’issue du temps que dure la partie, divisée en deux.

Les équipes se font face, de part et d’autre, d’une ligne centrale et attaquent ou défendent alternativement au rythme de chansons chantées en chœur par toutes les participantes et rythmées par des battements de mains. Au début de la partie, chaque camp choisit un pied d’attaque, le droit ou le gauche, étant entendu que ce ne peut être le même pour les deux équipes.

À un moment donné, les deux joueuses qui s’affrontent avancent en même temps un pied vers la ligne. La joueuse qui attaque avec le pied droit marque, par exemple, un ou plusieurs points chaque fois que son adversaire en face répond avec le pied gauche. En revanche, si la joueuse avance le pied droit et que l’adversaire réponde elle aussi du droit, elle perd. Ces mouvements de pieds sont habituellement précédés de bonds, sauts ou figures aériennes, pour la seule beauté du jeu. L’on se souvient que le «nzango» a été retenu lors des Jeux africains de Brazzaville, en 2015.

Au lycée Lumumba, nous avons surpris filles et garçons jouer au saute-mouton. Un jeu qui consiste à sauter successivement par-dessus tous ses partenaires penchés en avant. Les joueurs se relaient de la manière suivante: les premiers se penchent vers l’avant en formant une ligne et les derniers passent tour à tour au-dessus d'eux, en posant les mains sur leur dos. Lorsque le dernier joueur a sauté par-dessus l'avant-dernier, celui-ci se relève et saute à son tour par-dessus ceux qui le précèdent et ainsi de suite. Le nombre de joueurs n’est pas fixé.

Souvent sous-estimés ou dénigrés, le temps libre et les jeux sont essentiels au bon développement physique et psychologique des enfants. Les études montrent que les loisirs permettent à l’enfant d’améliorer ses capacités d’adaptation sociale et d’intégration mais également sa créativité et le développement d’autres formes d’intelligence et de sensibilité. Ils lui permettent aussi de se structurer émotionnellement, notamment lors des activités de groupe. Dans les quartiers ou à l’école, les jeux unissent tous les enfants sans exclusion. Ils favorisent la solidarité et leur évitent la solitude ou l’isolement.

 

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

- Le jeu nzango -les filles jouant au ngola -le jeu carreaux

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