Lualaba : pas de moratoire pour les miniers

Mercredi 26 Juin 2019 - 16:47

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La première province minière de la République démocratique du Congo, qui détient près de 60 % du cobalt mondial, n’entend pas reculer sur l’obligation faite aux opérateurs du secteur minier de s’investir davantage dans le développement communautaire.

Richard Muyez, le gouverneur réélu à la tête du Lualaba lors des dernières élections provinciales, ne laisse planer aucun doute sur son intention de faire appliquer à la lettre le code minier révisé et les règlements du secteur. Il a profité du cadre approprié offert par la « Semaine minière en RDC » pour rappeler aux « mining » le prescrit de la nouvelle législation en la matière. En effet, la loi les contraint désormais à affecter une partie de leur argent au développement de l’environnement immédiat dans le but de promouvoir les communautés locales. Et sur le plan politique, le code minier révisé et les règlements miniers n’ont fait qu’ajouter des arguments d’autorité aux gouvernements locaux de plus en plus préoccupés ouvertement par le contraste entre richesse du sous-sol et pauvreté absolue.

Paradoxe

En dépit de la présence de 75 % des gisements de cobalt et du cuivre de l’ex-Katanga, le Lualaba n’échappe pas à cette triste réalité, avec sa population pauvre installée le long des routes et du chemin de fer. « Nous soutenons la loi sur la sous-traitance et le nouveau code minier parce que ces textes rendent justice aux communautés. Il faut établir les équilibres », a déclaré Richard Muyez, lors d’une conférence de presse.

Tout en prônant sa ferme volonté de combattre la dépendance aux richesses du sous-sol dès son premier mandat à la tête de la province, Richard Muyez s’est lancé aussi dans des actions concrètes en direction des opérateurs miniers. Son gouvernement a cherché à « s’imposer » pour réduire l’écart entre pauvreté et richesses minières. Le faible impact de l’exploitation minière sur l’économie locale n’est plus à discuter, alors que la province se targue de disposer de la seule documentation crédible à l’international sur les gisements enfouis sous son sous-sol.

Répondre à la pression démographique

Historiquement, l’exploitation minière a bien commencé dans l’ex-Katanga. Et au fil des décennies, les flux migratoires ont conduit à la montée de l’exploitation artisanale du cuivre et du cobalt. Pas moins de cent cinquante mille creuseurs artisanaux provenant en partie des provinces voisines opèrent dans cette partie du pays. Entre-temps, à Kolwezi, la capitale du Lualaba, la population locale est passée à plus de sept cent cinquante mille habitants, alors que le courant électrique n’est fourni que pour un maximum de trois cent mille d'entre eux. Devant cette pression et son impact négatif sur l’économie, la diversification des activités économiques reste une des pistes de solution pour créer des emplois en dehors du secteur minier, mais il faudra beaucoup plus de réformes et des nouvelles politiques pour obtenir des résultats durables. Des efforts en cours tentent d’insuffler une nouvelle dynamique de développement dans la province.

Des stratégies nouvelles

Le gouvernement provincial relance le débat sur la question minière après un triste constat sur le terrain. En effet, le bilan annuel des entreprises minières concernant le développement communautaire et l’enveloppe affectée ne correspondent pas à la réalité. Et cela dure depuis plusieurs années, a déploré Richard Muyez. « Il suffit, pour vous convaincre, de visiter les ouvrages réalisés : écoles, centres de santé, point d’adduction d’eau, pour vous rendre compte de l’écart entre la qualité des ouvrages et le montant déclaré ».

Pour corriger cette faiblesse, l’autorité provinciale va mettre en place des nouvelles stratégies qui visent à développer une véritable synergie en vue de la réalisation des projets sociaux à impact visible dans le Lualaba. « Cette synergie implique la création d’une mutualisation de la responsabilité sociétale des entreprises minières qui constitue une armée redoutable pour vaincre la pauvreté et mieux sécuriser les investissements », a-t-il conclu.

Comme quoi, l’autorité est décidée d’utiliser tous les moyens légaux en sa disposition pour engager sa province dans la voie du développement. 
 

Laurent Essolomwa

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