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L'Union africaine en quête de maturité

Samedi 8 Juillet 2017 - 13:00

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Un peu plus de cinquante ans après sa création, cinquante-quatre pour être précis, l’Union africaine, anciennement Organisation de l’unité africaine, veut tourner la page de la main tendue en direction de l’extérieur. Elle ne souhaite plus être cette vaste région géographique de cinquante-quatre Etats, riche de son sous-sol et de ses habitants, qui demeure la risée de la terre entière, au motif qu’elle ne dispose pas de moyens suffisants pour se prendre en charge. Pour cela, l’UA a confié la mission à un comité d’experts, chapeauté par des chefs d’Etat, pour réfléchir à une question qui lui tient à cœur : s’autofinancer. Un vrai challenge, et c’est peu dire.

Tout part en effet, ou pourrait partir de questions simples : comment réussir le pari de l’autofinancement dans un environnement continental traversé par tant d’incertitudes ? Comment envisager une auto-prise en charge quand les dirigeants africains en visite à l’extérieur ou recevant leurs homologues européens, asiatiques ou américains n’ont à la bouche que les mots « aide et assistance » ? Mais comment convertir les conflits internes qui rongent les Etats, les guerres de leadership qui minent les ensembles sous-régionaux, les ingérences extérieures qui prospèrent sur ces dissensions en de performants leviers de développement, de paix et de stabilité ? La réponse à cette série de questions pourrait être le début de solution à l’impératif de l’autofinancement de l’UA.

Il n’est pas interdit de copier ce qui marche, ce serait perdre du temps inutilement que ne pas s’appuyer sur l’existant pour espérer avancer plus loin dans la recherche et l’innovation. À ce titre, l’UA n’a pas lésiné sur ses ambitions pour créer, presque à l’image de l’Union européenne, des instances dont les compétences touchent les domaines variés de la politique, de l’économie, de la diplomatie, de la justice, de la législation, de l’énergie, du socio-culturel et de la défense et sécurité. Au total, seize institutions et organes coiffent l’ossature de la grande famille panafricaine. Une lourde machine qui ne peut tourner à merveille sans la mobilisation des financements. D’où l’alerte donnée par les chefs d’Etat au sommet qui s’est clôturé le 4 juillet à Addis-Abeba, de secouer leurs portefeuilles au profit de l’organisation.

À la prochaine rencontre du mois de janvier 2018, pourrait-on enregistrer des avancées dans cette quête d’indépendance qui n’a que trop manqué de pugnacité depuis un demi-siècle ? On serait heureux d’en évaluer les adhésions à l’échelle des pays dont certains rechignent à mettre la main à la poche pour verser leurs cotisations prévues par les statuts de l’Union. À côté des dépenses de souveraineté dont les conflits internes semblent constituer le plus obérant pour les finances des Etats africains, à côté de celles qui bien souvent le sont pour le simple prestige et le faire-valoir, les gouvernements sont priés de penser à la dépense utile afin de sortir l’UA de la dépendance cinquantenaire.  

Lorsque les conditions de cette dépendance seront résolues, que les cadeaux des partenaires extérieurs à l’Afrique ne constitueront plus l’essentiel du patrimoine sur lequel repose la crédibilité de l’UA, l’Afrique unie pourrait envisager d’être l’égale interlocutrice des autres régions du monde. Et tout en renforçant sa coopération avec ces dernières, elle pourrait user de sa position de continent totalement affranchi pour rendre sa diplomatie plus combative. Et oser poser des questions de sa souveraineté sur un certain nombre de territoires que le fait colonial lui doit encore aujourd’hui.

Les Îles Canari, Ceuta et Melilla, Réunion, Mayotte, Açores, Île madère, archipel des Chagos, Île Sainte-Hélène, sont les huit territoires considérés comme « occupés », pour lesquels l’UA, dans un « Plan stratégique » émis en 2004, posait le problème de leur rétrocession au continent. Par exemple !

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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