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L’Union européenne à la dérive ?

Lundi 22 Septembre 2014 - 11:54

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Plus les mois et les années passent plus il apparait que les fondements sur lesquels l’Europe s’est construite depuis la fin de la deuxième guerre mondiale sont fragiles, pour ne pas dire instables. S’étant imaginée  capable d’absorber les pays de l’Est dont l’Union soviétique avait fait une sorte de glacis au lendemain de ce terrible conflit afin de se protéger contre de nouvelles dérives, elle a édifié une sorte de tour de Babel au sein de laquelle cohabitent sans se mélanger vingt-huit nations, que gère une technocratie aussi prétentieuse que déconnectée de la réalité, qui n’a pas d’autorité politique capable de définir et d’appliquer des stratégies cohérentes, dont les outils collectifs tels que l’euro s’avèrent très fragiles en dépit de ses prétentions.

 

A ceux qui doutent de l’exactitude de ce tableau nous ne saurions trop conseiller de méditer sur les quelques exemples suivants :

 

  • Le comportement erratique des autorités de Bruxelles dans la gestion de la crise ukrainienne qu’elles n’ont ni vu venir, ni su gérer de façon collective et dont elles sont toujours incapables de mesurer les conséquences probables

 

  • La mise sous tutelle de l’Union par l’Otan, donc par les Etats-Unis, que révèlent toutes sortes de faits petits et grands et qui découlent de son incapacité à construire le système de sécurité autonome ayant présidé à sa création.

 

  • Les tensions économiques et monétaires qui la travaillent en profondeur, creusant entre ses principaux acteurs – l’Allemagne et la France notamment – un fossé qui va s’élargissant et pourrait entraîner au final l’effondrement de l’Euro.

 

  • L’incapacité des dirigeants européens à s’entendre pour résoudre collectivement les problèmes humains et économiques que posent à certains de ses membres, l’Italie tout particulièrement,  l’immigration sauvage venue du Sud qui les submerge.

 

  • Les erreurs dramatiques que l’Union européenne laisse commettre par l’un ou l’autre de ses membres les plus influents comme on l’a vu dans la crise libyenne sans jamais se préoccuper d’en anticiper les conséquences pour elle-même.

 

  • La négation de la responsabilité historique des nations européennes dans le retard pris sur la voie du développement durable par les peuples qu’elles asservirent pendant plusieurs siècles et dont elles pillèrent allègrement les ressources naturelles.

 

Aussi sombre et réaliste que soit ce tableau il n’est pas interdit d’espérer qu’un jour ou l’autre les Européens, confrontés à une crise que leurs dirigeants se montrent incapables de gérer, finiront par ouvrir les yeux sur leurs propres faiblesses. Au lieu de donner des leçons de bonne gouvernance aux peuples du monde entier sans jamais s’interroger sur leurs défauts, ils en viendront alors à une approche réaliste des problèmes auxquels leur prétention, leur orgueil, leur suffisance les confronte aujourd’hui.

 

Mais pour qu’il en aille ainsi il faudrait que l’Afrique tienne le langage de vérité qu’elle n’a pas osé tenir jusqu’à présent, qu’elle place notamment de façon claire, l’Europe devant ses responsabilités historiques et qu’elle conditionne sa coopération future à des engagements effectifs dans le domaine économique, monétaire, militaire, culturel, artistique.

 

Etant donnée la dérive générale à laquelle ses erreurs exposent les peuples qui se sont agglomérés sans s’unir au sein de l’Union européenne, un tel réveil n’est pas impossible. Mais il dépend pour une large part du langage que tiendront les gouvernements africains dans les mois à venir.

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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