Lutte contre la criminalité : les chefs de police d’Afrique centrale et de l’ouest renforcent leur coopération

Jeudi 14 Juin 2018 - 14:18

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La réunion de haut niveau sur le renforcement de la coopération policière en matière de lutte contre le crime transnational organisé, qui se tient les 13 et 14 juin à Kintelé, dans la banlieue nord de Brazzaville, a pour but de doter les deux sous-régions d’un cadre juridique commun.

Le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, a lancé les travaux de la rencontre qui regroupe les chefs de police et les responsables des services chargés de l’application de la loi de dix-neuf pays dont douze de l’Afrique de l’ouest et sept de l’Afrique centrale. Au programme des discussions, l’état de la criminalité transfrontière en Afrique centrale et occidentale : typologie, acteurs et tendances ; la radicalisation, le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique centrale et occidentale : cas du Bassin du lac Tchad ; la cybercriminalité et la criminalité économique et financière ; le rôle des données biométriques dans la lutte contre le terrorisme. En effet, les experts examinent le contenu d’un accord commun entre les deux sous-régions.

Une fois signé, cet accord simplifié de remise de police à police permettra aux policiers de terrain de rechercher les fugitifs, les interpeller et les remettre à l’Etat requérant, pour éviter, disent-ils, des longues procédures d’extradition. Les responsables des comités de chefs de police de l’Afrique de l’ouest et de l’Afrique centrale ont, quant à eux, loué cette initiative.

Représentant le président en exercice du Comité des chefs de police de l’Afrique centrale, le directeur général adjoint de la police nationale tchadienne, Simandi Ongtoin, a rappelé qu’actuellement, des malfaiteurs de tout genre y compris les groupes terroristes, extrémistes violents, circulaient librement et profitaient des frontières poreuses ainsi que des espaces non gouvernés des deux sous-régions pour perpétrer les actes. Ils établissaient également, selon lui, des refuges, des camps d’entraînement, des centres de recrutement et des bases logistiques afin de mobiliser les fonds et d’autres sources dans le seul but de déstabiliser les Etats.

Il s’agit, a-t-il dit, des menaces graves à la paix, à la sécurité, à la stabilité, au développement économique et social, constituant des infractions pénales prioritaires dans les deux sous-régions. « En tant que responsables de la sécurité de nos concitoyens, nous sommes tenus de mettre en place une stratégie efficace pour lutter contre ces fléaux et élaborer un cadre juridique qui pourra encadrer nos actions. Je suis fermement convaincu que la solution réside dans un cadre de coopération multilatérale des deux sous-régions. Agissons de concert à tous les niveaux pour prévenir, localiser, interpeller, enquêter systématiquement, poursuivre et punir les malfaiteurs », a conclu Simandi Ongtoin.

Un levier indispensable à la consolidation la paix et de la sécurité

S’exprimant à cette occasion, la cheffe de la délégation de l’Union européenne (UE) au Congo, Saskia de Lang, dont l’institution finance un programme panafricain de lutte contre la criminalité, a rappelé que le crime organisé en Afrique affectait directement l’Europe ainsi que les itinéraires de trafic de drogue. « Ces crimes soulignent l’importance pour nos deux continents de faire plus pour coordonner les efforts. Nous sommes donc ensemble dans cette entreprise et l’UE continuera à soutenir et investir dans les efforts visant à sécuriser l’Afrique », a-t-elle rassuré.

Lançant les travaux, le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, a indiqué que le moment était venu pour combler ce vide juridique et institutionnel. D’après lui, la rencontre du Congo a pour but de doter les deux sous-régions d’un levier indispensable à la consolidation et à l’intensification de leur implication dans une lutte désormais mondiale contre la criminalité transfrontalière.

« Localiser les malfaiteurs, les interpeller et les mettre à la disposition du pays où l’infraction a été commise requiert une coopération étroite entre les pays de nos deux sous-régions. La procédure judiciaire qui formalise cette démarche est l’extradition mais, cette procédure complexe est lente et longue. En signant l’accord qui sera soumis à votre appréciation, l’on substituera à la longue procédure d’extradition, la très simplifiée procédure de remise de police à police des malfaiteurs et des biens saisis », a indiqué le ministre congolais, espérant que cette réunion va définitivement doter les polices des deux sous-régions d’un instrument juridique de coopération interrégionale à l’efficacité remarquable.

 

Parfait Wilfried Douniama

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