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Maintenant que la cause est entendue ...

Samedi 20 Août 2016 - 14:33

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La célébration de la Fête nationale, le 15 août, ayant confirmé que l'Europe et les Etats-Unis ont enfin compris à quel point la stabilité intérieure d'un pays comme le Congo est importante, vitale même pour la sous-région de l'Afrique centrale et, par voie de conséquence, pour eux-mêmes, il convient de s'interroger sur ce que les grandes puissances occidentales peuvent faire dans le proche avenir pour contribuer à cette stabilisation. Comme le disent volontiers les juristes, "Maintenant que la cause est entendue il importe d'en tirer les leçons".

S'il est vrai que les mises en garde et les suggestions des observateurs de la scène internationale sont rarement prises en compte par les plus hautes autorités des nations concernées - on en a eu la preuve accablante lors de l'assassinat prémédité de Mouammar Kadhafi il y a cinq ans - il l'est tout autant que le bon sens, le pragmatisme, le réalisme finissent généralement par l'emporter sur les a priori, sur les erreurs de jugement, sur les écarts de langage, sur les dérives intellectuelles que génère inévitablement la puissance.

Résumons donc en quelques mots ce que les "Grands" du monde occidental feraient bien de décider s'ils veulent réellement participer à l'émergence du Bassin du Congo et assister plus efficacement le Congo lui-même dans la difficile tâche qu'il s'est assigné de prévenir les crises qui menacent aujourd'hui cette partie du continent.

1) Cesser de donner des leçons de bonne gouvernance aux peuples que leur domination passée a empêché de s'organiser dans les siècles précédents et que le dogmatisme présent des Occidentaux révolte désormais au plus haut point.

2) S'abstenir d'agir en sous-main pour intimider ou affaiblir les dirigeants des pays partenaires qui se trouvent confrontés aux difficultés de toute nature que génère la longue marche vers le développement durable.

3) S'inspirer de la politique que les autres grandes puissances, la Chine et l'Inde notamment, suivent à l'égard de l'Afrique, c'est-à-dire ne se méler en rien de ses affaires intérieures et tout faire pour l'accompagner concrètement.

4) Cesser d'intervenir de façon anarchique dans les domaines perçus comme stratégiques par leurs dirigeants et concentrer leur aide sur les secteurs dont dépend effectivement l'essor économique et social du Congo.

5) Transmettre, sans chercher à en tirer un profit immédiat, leur savoir et leur expérience dans les domaines dont dépend pour une large part l'essor économique des jeunes démocraties africaines.

 

6) Aider de mille et une façons le Congo dans les actions qu'il entreprend pour corriger l'erreur majeure commise lorsque les puissances coloniales élevèrent entre les peuples des frontières administratives aussi étanches que nocives.

 

7) Assister, dans ce contexte, les Etats dans leur progression sur la voie de l'intégration régionale qui, seule, permettra demain le libre échange des hommes et des biens sur l'immense étendue du Bassin du Congo.

 

8) Soutenir financièrement et techniquement toutes les initiatives d'ordre culturel qui permettront aux écrivains, aux artistes, aux créateurs de cette partie de l'Afrique de se faire mieux connaître à l'échelle mondiale.

 

Il va de soi que la liste des services que le monde riche doit apporter au Congo et plus généralement à l'Afrique centrale dans l'instant présent est loin d'être exhaustive. Mais si, déja, ces huit propositions étaient entendues de ceux et celles auxquels elles s'adressent "maintenant que la cause est entendue" les gestes diplomatiques accomplis ces derniers jours permettraient de développer des formes de coopération concrète dont chaque partie tirerait au final un grand profit.

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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