Mali : le front anti-putsch conteste la promotion d’Amadou Sanogo au grade de général

Mardi 27 Août 2013 - 14:37

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Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la république (FDR), un regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile malienne créé au lendemain du coup d’État militaire du 22 mars de l’année dernière, envisage de saisir le tribunal administratif en vue de l’annulation de cette promotion

« Le FDR, fidèle à sa tradition démocratique et républicaine, se fera le devoir à cet effet de saisir le tribunal administratif en demande d’annulation du décret attribuant illégalement et indûment des droits au capitaine Sanogo et au colonel Moussa Sinko Coulibaly en violation flagrante de la législation en vigueur au Mali », souligne une lettre ouverte adressée le 24 août au président de transition, Dioncounda Traoré.

Pour le front antiputsch, l’avancement à titre exceptionnel du chef de la junte « ne se fonde sur aucun texte législatif ou réglementaire en vigueur au Mali ». Il relève que sa promotion est plutôt « irrégulière et doit être frappée de nullité absolue ». Pour ce faire, le FDR dit craindre que la transition en cours « ne soit tragique » pour le pays à cause de décisions inopportunes des autorités de transition, qui selon le front « manquent, pour le moins, de sagesse ».

« Ces décisions, prises en violation flagrante de l’article 77 de la loi n° 055 du 16 décembre 2002 portant statut général des militaires en République du Mali, ne font pas honneur à notre pays et ne manqueront pas, si elles ne sont abrogées, de plonger notre pays dans une période d’incertitude aux conséquences imprévisibles […]. En conséquence, nous en appelons à une vigilance accrue des démocrates maliens, au sens de responsabilité du nouveau président de la République et à la communauté internationale pour une révision rapide de ces décisions », poursuit la lettre.

Dans la correspondance suscitée dont copie a été « remise au président béninois, Thomas Yayi Boni » qui a été un acteur important dans la gestion de la crise malienne, le front antiputsch a assuré qu’il restera « une sentinelle vigilante pour une démocratie apaisée et une république laïque » au Mali.

La contestation de la promotion du capitaine Sanogo au grade de général faite par le front intervient après que plusieurs voix se sont élevées, dont celles de plusieurs ONG internationales. L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch par exemple a qualifié cette promotion de « honteuse ». Elle a estimé qu’au lieu d’être récompensé de la sorte, le chef de la junte devrait plutôt faire l’objet d’une enquête « pour son implication présumée dans des actes de torture et des disparitions forcées » suite au coup d’État.

Rappelons que le capitaine Amadou Sanogo avait été promu général de l’armée malienne le 14 août en conseil des ministres. Sa promotion faite par l’actuel président de transition était intervenue trois jours seulement après le second tour de l’élection présidentielle qui a porté Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, à la tête du pays.

Nestor N'Gampoula