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Mandela, une leçon de vie

Vendredi 20 Décembre 2013 - 2:31

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Nelson Mandela a été mis en terre dimanche 15 décembre 2013 à Qunu, village où il a grandi. C’est la dernière scène d’une pièce qui a tenu le monde en haleine depuis l’instauration de l’apartheid, séparation dans la langue afrikaans, en 1948 par Malan, son théoricien, après des dizaines d’années de politique discriminatoire, dans cette Union sud-africaine qui deviendra la République sud-africaine le 31 mai 1961.

À la suite de la manifestation de Sharpeville, terriblement réprimée en 1960, le gouvernement interdit l’ANC (African National Congress) et le PAC (Panafrican Congress), deux mouvements noirs qui luttent contre l’apartheid. Sous l’impulsion de Mandela, la contestation non violente se transforme en lutte armée. Un tournant. Il est arrêté dès 1962 puis condamné à vie en 1964 dans la prison de Robben Island. Cet embastillement fait de lui l’icône de la lutte de libération du peuple noir d’Afrique du Sud. En septembre 1989, au lendemain de la démission de Pieter W. Botha, Frederik de Klerk est élu à la présidence de la République sud-africaine.

L’Afrique du Sud connaît un frémissement. Le 2 février 1990, l’ANC retrouve la légalité. De Klerk décide de libérer le plus célèbre prisonnier du monde après 27 ans d’incarcération. Le 11 février 1990, Nelson Mandela est libre. Il écrit son destin. Il n’oublie pas ceux qui l’ont aidé. Par fidélité en amitié, il invite Castro en Afrique du Sud. Il se rend au Congo qui l’a aidé pendant les heures noires de l’histoire de son pays. En 1993, pour leurs actions en faveur du démantèlement de l’apartheid en Afrique du Sud, De Klerk et Mandela reçoivent le prix Nobel de la paix. En 1994, ce dernier devient président de l’Afrique du Sud, à l’issue des premières élections démocratiques dans ce pays. C’est ce qui restera, de façon indélébile, dans les annales de l’histoire du xxe siècle.

Son décès, le 5 décembre 2013, tourne une page de l’histoire sud-africaine. Une autre vient de s’ouvrir pour l’Afrique du Sud, le reste de l’Afrique et le monde qui ont rendu un vibrant hommage à Mandela, ce citoyen du monde. Avec sa disparition, il est devenu l’affaire de tous. Même ceux qui, hier, n’ont rien fait pour sa libération. Chacun a son Mandela, en particulier, tous ceux qui ont contribué à le soutenir dans son combat contre l’apartheid : Cuba, l’Algérie, la Guinée-Conakry, le Kenya, la Libye, le Congo, entre autres. C’est à Brazzaville, le 13 décembre 1989, à l’initiative de Denis Sassou-N’Guesso, que fut signé le protocole sur la paix en Afrique australe.

De son élargissement à sa mort, à 95 ans, Mandela, sa liberté retrouvée, a vécu quelques belles années, irradiant le monde de sa joviale bonhommie. Je l’ai rencontré en juillet 1993 à Johannesburg. Ni dieu ni demi-dieu, Mandela était simplement un homme exceptionnel, avec un charisme et un magnétisme divins qui lui ont conféré, aux yeux de l’opinion, sa dimension christique.

Le sport unit les peuples. En 1995, Mandela organise la Coupe du Monde de rugby, ce sport « de Blancs pour les Blancs ». Geste ultime de négation de l’apartheid. À cette occasion, il a revêtu le maillot des Springboks, l’équipe nationale sud-africaine, naguère symbole de la discrimination raciale. Mandela a accompli sa tâche avec brio : réconcilier l’Afrique du Sud avec elle-même et créer cette « nation arc-en-ciel » qui est, sans doute, son plus bel héritage.

De son vivant, Mandela a été l’objet d’une déification. Sa mort, en épilogue, a presque frisé la sanctification et la béatification. Tous les « grands » de ce monde, pour ses obsèques grandioses, ont fait le déplacement de Johannesburg, l’endroit où il fallait être.

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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