Manifestation du 31 décembre : la marche des chrétiens catholiques réprimée violemment

Mardi 2 Janvier 2018 - 16:38

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Les forces de sécurité ont troublé des messes à coup de gaz lacrymogènes et empêché la population de manifester contre le pouvoir du président Joseph Kabila.

Ainsi qu’ils l’avaient promis, les fidèles catholiques étaient bien dans la rue le 31 décembre 2017, à l'appel du Comité laïc de coordination (CLC). Très tôt le matin, ils avaient investi leurs paroisses respectives pour la messe dominicale. Après avoir assisté au rite religieux ponctué des chants à la gloire du Très-Haut, ils devaient, selon le programme, entamer leur procession.

Les curés devraient donner le ton en prenant les devants, suivis de la masse des fidèles hystériques qui tenaient à en découdre avec un pouvoir, à leurs yeux, finissant. Un peu partout, les choses ne se sont pas passées comme il a été prévu. En effet, la plupart des paroisses étaient quadrillées de l’extérieur par des policiers armés. D’après des sources, le dispositif policier était mis en branle dès la veille devant la plupart des églises. Ce qui fait que les messes dominicales s’étaient déroulées sous une forte tension.

 

Interposition des militaires et policiers

Instruction avait été donnée d’empêcher la fameuse marche pacifique des chrétiens catholiques, du reste, interdite par l’autorité urbaine. L’autre raison évoquée pour étouffer la manifestation tient à l’infiltration présumée des terroristes Kamuina Nsapu parmi les manifestants dont la mission était de profiter de cette marche pour déstabiliser les institutions. D’où la fermeté avec laquelle les forces de l'ordre ont agi pour empêcher les fidèles catholiques à manifester. Militaires et policiers s’étaient interposés, faisant front à des manifestants sans armes, prêts à dégainer. Ils ont poussé l’outrecuidance jusqu’à s’introduire dans l’enceinte de certaines paroisses telles qu’à l’église Saint-Michel ou à la Cathédrale Notre-Dame du Congo où les forces de sécurité ont investi les lieux de culte, tirant des gaz lacrymogènes pour disperser des fidèles téméraires. Fidèles pourchassés, curés et prêtres brutalisés, servantes religieuses battues, tout y était pour rendre cette journée du 31 décembre folle avec, à la clé, la désacralisation des lieux de culte.

Un usage disproportionné de la force

À la paroisse Saint-Alphonse de Matete, deux jeunes gens ont perdu la vie à la suite d’une altercation avec des policiers dont l’un d’eux a été tué à coup de projectiles par des manifestants. Sous prétexte de poursuivre des terroristes Kamuina Nsapu à l’intérieur des paroisses, les policiers se sont livrés à de nombreux abus, confirment plusieurs sources qui allèguent des cas d’extorsion, de pillage et de destruction des chapelles. Plus grave, des enfants de chœur sortis de certaines paroisses ont été également pris pour cible par des policiers jusqu’au-boutistes qui n’écoutaient hélas que la voix de leur propre raison. Sous des crépitements de balles qui allaient dans presque tous les sens, plusieurs fidèles s’en sont tirés, dans leur course effrénée pour tenter de se mettre à l'abri, avec des blessures graves.       

Les organisateurs ont dénoncé l’usage disproportionné de la force sur des manifestants qui n’avaient que leurs bibles et leurs chapelets à portée de main. Ce que rejette la police qui affirme n’avoir fait que son travail en tentant de disperser, à coup de gaz lacrymogènes, des inciviques qui ont tenté de troubler l’ordre public. Dans la foulée, plusieurs morts et blessés ainsi que de nombreuses personnes arrêtées, y compris des prêtres. Le bilan de cette journée agitée à Kinshasa demeure encore controversé. Trois morts selon des sources policières et huitt d’après les organisateurs, sans parler de la série d’arrestations, une vingtaine au total à Kinshasa à en croire des sources concordantes.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des militaires tenant en respect des fidèles catholiques

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