Marché unique africain : la Zlec, un « rêve » pieux sans une industrie congolaise florissante

Lundi 8 Juillet 2019 - 21:15

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Le 33e sommet extraordinaire des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA), tenu du 7 au 8 juillet à Niamey, au Niger, a lancé officiellement le vaste marché unique de plus d’un milliard d’âmes et près de 2 500 milliards de dollars américains de produit intérieur brut cumulé. Un espace qui ne saurait malheureusement répondre aux attentes de la République démocratique du Congo (RDC), sans une relance préalable de l’économie nationale.

Pour le lancement officiel de la Zone de libre échange continentale (Zlec), le président de la République, Antoine-Félix Tshisekedi Tshilombo, a tenu à se rendre sur place pour expliquer à ses pairs africains le rôle qu’entend jouer son pays dans l’érection de cette zone. La RDC a rejoint officiellement quarante-quatre autres pays adhérents en mars 2018.

Pour la petite histoire, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de l’époque, Léonard She Okitundu, avait  signé l’Accord de libre-échange au nom de l’ancien président de la République, Joseph Kabila. A ses côtés, il y avait trois autres ministres à la tête de départements stratégiques pour les grandes réformes attendues dans la région, en l’occurrence les ministres du Commerce extérieur, de l’Industrie, ainsi que du genre, famille et enfant.

Au départ, l’engagement formel à l’Accord consacrant la Zlec laissait théoriquement une période de dix ans aux Etats adhérents pour développer leurs industries respectives. En effet, initié en 2012, le processus rejoint bien plus tard par la RDC devait tenir compte de ce délai pour éviter que certains pays moins préparés subissent la suppression des barrières tarifaires en Afrique. Une année après son adhésion officielle, il n y a pas eu le miracle tant attendu, du moins sur le volet économique dans le pays. L’on note tout de même l’élection d’un nouveau président de la République qui semble porter à cœur ce projet panafricain même si cette initiative ne rassure pas toujours le cercle des économistes.

Officiellement, le marché unique entre en vigueur à partir de 2020. Une certaine opinion propose même la date du 1er juillet 2020. Entre-temps, confirme l’Egypte qui assure la présidence de l’UA, les négociations vont se poursuive au niveau interne. Aujourd’hui, cinquante-quatre des cinquante-cinq pays africains, en dehors de l’Erythrée, ont accepté de constituer ce nouveau marché unique. L’on apprend également que la libéralisation se fera de manière progressive, pour permettre à tout le monde de bien jouer son rôle.

A la fin, la Zlec va favoriser le commerce au sein du continent africain et attirer des nouveaux investisseurs. C’est  l’objectif principal poursuivi. En chiffre, sa mise en œuvre va permettre d’augmenter le commerce intra-africain d’au moins 60 % d’ici à 2022. Mais le plus grand danger est le phénomène de mimétisme qui fait que l’Afrique produit finalement presque les mêmes choses. Par conséquent, les économies africaines ne sont pas complémentaires pour assurer un commerce viable. Par ailleurs, les importations restent très coûteuses, bien au-dessus d’autres régions du monde. Il y a aussi le risque pour les petits producteurs agricoles et industriels qui souffriront d’une ouverture des frontières.  En dépit de cette étape franchie, certaines questions restent entières sur ce projet historique. Nous y reviendrons.  

Laurent Essolomwa

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