Massacres aux Kasaï : plusieurs personnalités adhèrent au rapport présenté par la FIDH

Jeudi 12 Avril 2018 - 18:57

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 Les faits dénoncés dans le document sont jugés sérieux et méritent l’attention particulière des autorités congolaises et de la communauté internationale.

Les organisations congolaises membres de la Fédération internationale de défense des droits de l’homme (FIDH) ont présenté, le 12 avril au Cépas, à Gombe, le rapport d’enquête intitulé "Massacres au Kasaï : des crimes contre l’humanité au service d’un chaos organisé". Ce document d’une centaine de pages, publié en décembre 2017 par la FIDH, a présenté les résultats des enquêtes menées par cette plate-forme et les ONG congolaises (Asadho, Ligue des électeurs et Groupe Lotus) pour identifier les auteurs et responsables des massacres commis dans la région du Kasaï ainsi que les victimes, et établir les responsabilités, afin que justice soit faite.

Dans le résumé présenté par Me Patrick Ntambwe Ngoyi, en effet, la FIDH, l’Asadho, la Ligue des électeurs et le Groupe Lotus ont pu réunir des éléments qui démontrent que sur le territoire de Kamonia, les crimes commis, principalement contre la population civile, pouvaient relever des crimes contre l’humanité ; alors que, pour l’heure, les autorités congolaises n’auraient enclenché aucune enquête effective, indépendante et impartiale permettant de faire la lumière sur leurs circonstances ni d’en identifier et de poursuivre en justice les auteurs et responsables.

Pour édifier l’assistance et appuyer ce rapport, le modérateur de l’activité, le président de l’Asadho, Me Jean-Claude Katende, a appelé pour témoignage, le journaliste Joël- Cadet Ndanga qui avait perdu, dans ces massacres, vingt-deux membres de sa famille dont sa mère biologique ainsi que ses neveux et nièces. Le journaliste a rappelé qu’au cours de ce massacre où sa famille a été prise à partie, près de quatre-vingt-dix autres personnes ont été aussi victimes dans le même village.

Une situation grave dans le pays

Vu la gravité des faits découverts dans le Kasaï, ces organisations attendent de l’Union africaine et des Nations unies d’adopter un discours de fermeté vis-à-vis des autorités congolaises et leur rappeler avec insistance leur responsabilité première  d’enquêter sur ces crimes. « Elles doivent, en outre, leur rappeler leur obligation de prendre les mesures nécessaires pour prévenir la résurgence de tels crimes », ont souligné ces ONG.

Pour ces organisations, il était également urgent que la communauté internationale prenne la mesure de la gravité de la situation en RDC. « Face à ce contexte politique et sécuritaire potentiellement explosif sur l’ensemble du territoire congolais, l’Union africaine et les Nations unies doivent renforcer leur coopération et coordination et prendre des initiatives conjointes pour sortir le pays de l’impasse actuelle et prévenir la résurgence de nouveaux crimes »,  note le rapport.

Pour la FIDH et ses ONG partenaires, ce discours de fermeté vis-à-vis des autorités congolaises, et plus particulièrement des instigateurs de la violence, doit s’accompagner d’acres concrets devant permettre non seulement l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles, mais également le respect des droits et libertés fondamentales ainsi que l’arrêt immédiat de la répression à l’encontre des partisans de l’alternance politique et des supposés opposants au régime en place. « De tels actes doivent inclure l’activation ou le renouvellement des sanctions ciblées, par les deux institutions, l’établissement des plans de contingence permettant, en cas d’escalade de la violence, de répondre rapidement et efficacement au besoin éventuel de protection de la population civile ou encore le soutien effectif à la lutte contre l’impunité des auteurs et responsables de crimes internationaux », ont appuyé la FIDH et ses partenaires.

Il y a également, dans ce rapport, dans le nombre de recommandations, celles faites aux autorités congolaises en vue de la non-répétition des crimes commis dans les Kasaï, la lutte contre l’impunité de leurs auteurs, l’accès à la justice et à la réparation, pour les victimes. D’autres recommandations s’adressent à la Céni, aux partis politiques de l’opposition, aux mouvements citoyens et la société civile, à l’Union africaine, au Conseil de sécurité des Nations unies, à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à la procureure de la CPI, à la SADC et à ses Etats membres, à l’Organisation internationale de la Francophonie ainsi qu’à l’Union européenne et aux bailleurs de fonds. «  Le FIDH possède une liste de personnes présumées coupables de es massacres. Elle peut la mettre à la disposition de toute institution voulant l’utiliser pour le besoin de la justice », a rassuré Me Jean-Claude Katende.

Oui, pour le rapport de la FIDH

Dans la déclaration de soutien signée, les organisations de la société civile ainsi que les personnalités tant politiques que civiles ont dit accueillir avec satisfaction ce rapport. Les signataires ont constaté que les actes d’exécutions sommaires, torture, mutilation, violences sexuelles, pillages, destruction des biens, arrestations et détentions arbitraires subis par les habitants des villages concernés étaient d’une ampleur et d’une gravité telles que si ces crimes ne font pas l’objet de poursuites judiciaires indépendantes, ils risqueraient de rester impunis et de se répéter.

Notant que ces crimes internationaux qui pourraient constituer des crimes contre l’humanité étaient attribués, dans ce rapport, à certaines éléments des Forces armées de la RDC et de la Police nationale congolaise ainsi qu’à la milice Bana Mura et à celle de Kamuina Nsapu, et que ces massacres avaient été planifiés et opérés en fonction des considérations politiques et ethniques, les signataires, qui ont dénoncé et condamné ces crimes, ont dit soutenir ce rapport. Ils ont appelé les différentes institutions concernées dans les recommandations à les mettre rapidement en œuvre pour que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes et que les victimes accèdent à la justice et aux réparations.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: La salle, suivant l'émouvant témoignage de Joel-Cadet Ndanga/Adiac. Photo 2; La salle, lors de la présentation du rapport/Adiac.

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