Matteo Renzi tire un premier bilan de sa tournée africaine

Mardi 22 Juillet 2014 - 15:54

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En trois jours -samedi 19, dimanche 20 et lundi 21 juillet- le Premier ministre italien a visité trois pays avec à la clé de belles perspectives de coopération économique

C’était la première visite d’un Premier ministre italien en fonction en Afrique ; ce fut aussi l’amorce d’une coopération dont l’Italie et l’Afrique tireront un large profit à moyen terme. Matteo Renzi en est convaincu : grâce aux accords signés samedi à Maputo (Mozambique), dimanche à Brazzaville (Congo) et à Luanda (Angola), le PIB italien s’améliorera d’un point dans les mille prochains jours. C’est que la tournée avait pour objectif de poser les bases durables de cette coopération nouveau style avec l’Afrique que Rome appelle désormais de ses vœux.

Aussitôt rentré en Italie lundi dernier, Matteo Renzi s’est mis à pianoter sur son smartphone, lançant d’ailleurs le hashtag #Primavolta# (première fois, sous-entendu : premier voyage d’un Premier ministre italien en Afrique). Mission à haute portée symbolique et fortement stratégique : « un pays qui a de l’ambition bâtit des stratégies à moyen terme. Dans dix ans, l’énergie, l’agroalimentaire et l’export seront au cœur de l’Italie industrieuse », a expliqué à ses compatriotes ce jeune homme de 39 ans à la détermination de bulldozer.

Il tire sa conviction d’une Afrique désormais au centre d’un partenariat conçu d’abord pour être celui du donnant-donnant de ses rencontres avec les trois présidents de cette Afrique en croissance. Avec le président Armando Guebuza au Mozambique; avec le président Denis Sassou N’Guesso à Brazzaville, dimanche, et avec José Eduardo dos Santos à Luanda, en Angola, l’homme d’État italien a tout de suite été en phase. Les accords signés avec les trois dirigeants de pays dont le taux de croissance dépasse les 6%, ont permis de faire passer un courant, alternatif, d’une ère nouvelle.

« Il est temps de changer les règles du jeu mondial ; l’Afrique devrait avoir son membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. » Matteo Renzi a promis d’appuyer la candidature angolaise à cette fonction, pour rééquilibrer le poids et la balance du monde. Si ENI, le groupe pétrolier italien, est d’installation ancienne dans un pays comme le Congo, la découverte par lui de gros gisements gaziers au Mozambique et son activité soutenue en Angola font de l’Italie un pays incontournable pour les ambitions de développement dans l’Afrique centrale et australe de demain. Au Mozambique, l’Italie s’enorgueillit en plus d’avoir fortement appuyé le processus de cessation des hostilités.

La guerre civile entamée en 1977 et mettant aux prises le Frelimo, le parti de Samora Machel qui a conduit à l’indépendance de 1975 et la Renamo d’Afonso Dhlakama, n’a pris fin, en effet, qu’avec les accords de 1992. Signés à Rome sous la médiation patiente de la Communauté catholique de Sant’Egidio, ils portent durablement l’empreinte de la volonté politique italienne de donner à la paix en Afrique sa chance la plus sérieuse, presqu’une vitrine. Le Mozambique accueille aujourd’hui un autre projet d’importance conduit par Sant’Egidio dans le cadre de la lutte contre le sida, Dream, qui allie médication, saine alimentation et autonomie des malades.

Cette volonté de se démarquer, l’Italie l’a également portée sur la scène angolaise puisque Rome est, parmi les pays européens, la première capitale occidentale à avoir reconnu la République populaire d’Angola, à son indépendance, en novembre 1975. L’Italie conduit aujourd’hui une coopération sereine et diversifiée avec l’Angola et avec la République du Congo. Son expertise dans les domaines de l’agro-alimentaire et de la pêche a donné lieu à la signature de plusieurs accords actuellement en phase d’exécution, même si le pétrole et les énergies restent son domaine de prédilection.

Ses compatriotes auraient pu s’étonner qu’au milieu d’une actualité nationale brûlante, avec notamment l’examen au Parlement d’une réforme constitutionnelle capitale et qui fracture majorité, oppositions et à l’intérieur de l’une et de l’autre frange, M. Renzi ait choisi de se rendre au cœur de l’Afrique. Il explique avec la patience d’un pédagogue : l’Afrique, c’est l’avenir de l’Italie de demain. « L’Afrique est une opportunité pour relancer le défi politique au niveau de nos relations internationales, en économie et pour la société civile. »

Résultats chiffrés : 5 milliards de dollars d’investissements promis au Mozambique sur six ans ; des contrats de plus d’un milliard de dollars pour la construction de l’autoroute Luanda-Soyo, la fourniture d’hélicoptères et de patrouilleurs à l’Angola ; la construction de logements-modèles à Kintélé, au Congo, qui se fera à côté de l’engagement déjà fortement avancé de l’électrification du réseau ouest-est et ouest-nord. Bref, pour un premier voyage en Afrique, Matteo Renzi est revenu en Italie avec l’air de dire : « je n’étais pas en vacances, mais en voyage d’affaires pour le bien et l’avenir du pays et de l’Afrique. »

Lucien Mpama