Médecine pour tous: les céphalées

Jeudi 21 Mars 2019 - 13:42

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Les céphalées ou maux de tête constituent un motif fréquent de consultation. Au Congo, on doit penser avant tout à un accès de paludisme. Outre cette étiologie, l’interrogatoire permet de distinguer les céphalées récentes, d’installation brutale, rapidement évolutive et qui nécessitent une prise en charge urgente, et les céphalées chroniques, émaillées de crises (céphalées paroxystiques, migraine, céphalées de tension), mais sans urgence.

Diagnostic et classification des céphalées

 Ils relèvent avant tout de l’interrogatoire et de l’examen clinique. Les examens para-cliniques ne seront mis à contribution qu’après. On retiendra les types de céphalées ci-après.

I. Les céphalées récentes, brutales, symptomatiques, avec leurs deux variétés. 1°) La céphalée violente, d’installation brutale, devant laquelle il faut penser à trois principaux diagnostics :

a) l’accident vasculaire cérébral ou AVC qui comporte souvent des signes focaux à type d’hémiplégie et de troubles du langage ou de la conscience ;

 b) l’hémorragie méningée, fréquente, d’extrême gravité, annoncée par des céphalées « en coup de tonnerre » et souvent par des troubles importants de la conscience ;

 c) l’encéphalopathie hypertensive (HTA), caractérisée avant tout par l’intensité des céphalées.

 2°) La céphalée d’installation rapidement progressive, qui annonce :

a) une élévation de la tension dans le crâne (tumeur du cerveau, hématome, abcès intracrânien, etc.) avec nausées et vomissements ;

b) une méningite aiguë caractérisée par d’intenses céphalées et de la fièvre ;

 c) une artérite temporale chez un sujet de ≥ 60 ans, avec des troubles visuels ;

 d) diverses affections (traumatismes, sinusites, glaucome, etc.).

II. Les céphalées essentielles (bénignes), notamment la migraine. La migraine est une céphalée très répandue. Rare chez l’enfant, elle prédomine chez les moins de 40 ans et chez la femme. Elle possède souvent une base génétique certaine (existence de cas familiaux). Il y a deux types principaux de migraine : A).La migraine commune. Précédée par des symptômes annonciateurs (asthénie, troubles de l’humeur, irritabilité, euphorie), elle se caractérise par une douleur constante, sans horaire, à topographie unilatérale (hémicrânie) ou alternante, exacerbée par les efforts, les bruits et la lumière. Elle est associée à des troubles digestifs et de l’humeur. Elle se termine par une polyurie, une diarrhée ou des vomissements.

 B) La migraine avec aura. L’aura est un ensemble de symptômes qui précèdent le début de la crise. Les auras les plus fréquentes sont visuelles, à évolution progressivement extensive (« la marche migraineuse »), à type de point scintillant ou d’amputation d’un champ visuel. La céphalée s’installe vers la fin de l’aura. Elle est souvent unilatérale, siège au côté opposé à l’aura.

 III. Il y a des variétés rares de migraine telles que les formes familiales avec hémiplégie, les troubles visuels monoculaires, la migraine évoluée vers la chronicité, la migraine de l’enfant.

Les facteurs déclenchant la crise de migraine 

 On retiendra les facteurs ci-après : facteurs psychologiques (émotion, anxiété, choc psychologique, modifications du mode de vie) ; facteurs climatiques (orage, chaleur) ; facteurs alimentaires (alcools, graisses cuites, fromages, chocolat, jeûne, hypoglycémie, repas irréguliers) ; facteurs hormonaux (règles, contraceptifs oraux) ; facteurs sensoriels (bruits, lumière, vibrations, etc.) ; facteurs divers (rythme du sommeil, exercices physiques, altitude, etc.).

Modalités de la prise en charge des céphalées 

 En cas de céphalées symptomatiques récentes et brutales ou rapidement évolutives, emmener rapidement le patient aux urgences neurologiques. En cas de céphalées essentielles, bénignes (migraine et autres formes), consulter son médecin. Dans tous les cas, ne pas ignorer une lésion du cerveau.

Conclusion.  Les céphalées sont des symptômes tellement fréquents que les patients qui en sont victimes prennent systématiquement des antalgiques et des antipaludéens pour résoudre leur problème. On doit cependant savoir qu’une céphalée peut cacher une lésion cérébrale grave. Par conséquent, les formes d’emblée sévères ou celles qui résistent à ces traitements doivent faire l’objet d’une consultation neurologique urgente.

                                                                 

 

Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr

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