Médecine pour tous: l'obésité

Jeudi 21 Février 2019 - 14:00

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L’obésité est la maladie de la nutrition la plus fréquente au monde. A Brazzaville et à Pointe-Noire, elle atteint des taux de 15 à 20% de la population adulte. Liée aux mauvaises habitudes de consommation et à la sédentarité, elle est un facteur de risque cardiovasculaire important, ce qui en a fait un problème de santé publique.

C’est quoi l’obésité ?

 L’obésité est une augmentation excessive de la masse de graisse de l’organisme. Pour l’évaluer, on mesure soit le tour de taille (normal à 102 cm chez l’homme, 88 cm chez la femme), soit l’index de masse corporelle (IMC), soit les deux. L’IMC est égal au rapport du poids (P) sur le carré de la taille (T), soit IMC (kg/m²) =P/T². A partir de l’IMC, on définit plusieurs grades de l’obésité : surpoids : 25-29,9 kg/ m²; obésité de grade I : 30-34,9 ; grade II : 35-39,9 ; grade III (morbide) : ≥ 40 kg/ m². Les risques encourus augmentent avec ces grades.

Comment s’explique cette pléthore de graisse ?

Les facteurs qui génèrent l’obésité sont surtout d’ordre nutritionnel, génétique et métabolique. Rappelons à cette occasion que les alcools sont les plus grands pourvoyeurs de l’obésité. À la phase d’installation de celle-ci, le bilan énergétique est très positif, c’est-à-dire qu’il y a excès d’apports ou diminution des dépenses en calories. Il en résulte une inflation progressive des réserves énergétiques sous forme de masse grasse.

Méfaits et complications de l’obésité 

Sur le plan esthétique, c’est selon les habitus des pays. Si les Congolais des années 1960 boudaient les « mapa ya lundi » (femmes effilées), ceux d’aujourd’hui ne semblent pas, a contrario, avoir un penchant significatif pour les rondeurs excessives. Sur le plan sanitaire, les complications de l’obésité sont principalement physiques. En ce qui concerne les maladies cardiovasculaires, on peut dire que l’obésité participe largement à l’éclosion des affections suivantes :

a) l’hypertension artérielle, tueuse silencieuse car grande pourvoyeuse d’accidents vasculaires cérébraux et de gros cœurs ;

 b) l’insuffisance coronarienne et ses risques d’infarctus du myocarde ;

c) les troubles de rythme cardiaque, responsables de mort subite. Les maladies hépato-gastro-intestinales générées par l’obésité sont principalement : le reflux gastro-œsophagien, les calculs vésiculaires fréquents chez la femme et les maladies du foie.

Les maladies métaboliques particulièrement liées à l’obésité sont :

 a) le diabète de type II dont la prévalence passe de 8% chez les patients ayant un IMC entre 30 et 34,9 à 13% pour un IMC de plus de 35 kg/m² ;

 b) les dyslipidémies, responsables de l’athérosclérose cérébrale et cardiovasculaire.

Les maladies pulmonaires se traduisent, quant à elles, par des perturbations de la fonction respiratoire telles que l’essoufflement et le syndrome d’apnées du sommeil ou SAS (épisodes d’arrêt ou de ralentissement du rythme respiratoire).

Les maladies musculo-squelettiques fréquentes chez l’obèse sont la goutte et l’arthrose, notamment celle des genoux. L’obésité est également pourvoyeuse de certains cancers digestifs et urinaires, de perturbations de la fertilité, de cataracte et de maladies neuropsychiatriques telles que la dépression.

Traitement contre l’obésité 

 L’objectif de la prise en charge de l’obésité vise :

 a) la réduction de la masse pondérale ;

 b) l’amélioration de l’état de santé et de la qualité de vie des patients, en prenant en compte les objectifs médicaux, psychologiques et sociaux.

Nous accordons peu de place aux traitements pharmaceutiques. Seules les activités physiques et sportives associées aux mesures diététiques obtiennent des résultats satisfaisants. En effet, de très nombreuses complications liées à l’obésité régressent en même temps que la perte de poids. Cette amélioration apparaît dès la perte de 5 à 10 % du poids initial. Pour leur encadrement, nous conseillons aux patients de consulter un médecin et un diététicien.

Conclusion

 L’obésité est une affection très fréquente. A terme, elle menace pratiquement tout l’organisme, dans son physique comme dans son fonctionnement. Par ailleurs, elle génère d’autres facteurs de risque cardiovasculaires comme le diabète et l’hypertension artérielle. Hormis les prédispositions génétiques, psychologiques ou sociales, l’obésité est essentiellement liée à l’excès des consommations et à la sédentarité. Sous encadrement médical, un régime alimentaire approprié et des activités physiques régulières en constituent le meilleur traitement.

                     

 

 

Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr

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