Médias : l’aide de l’Etat à la presse congolaise, une clé pour son développement

Mercredi 7 Novembre 2018 - 15:47

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Parmi les problématiques largement abordées lors des assises nationales de la presse congolaise, organisées du 25 au 28 octobre à Brazzaville, a figuré la récurrente question du financement.

Le problème a été épinglé par les participants aux assises comme l’une des clés, à côté de tant d'autres, pouvant aider la presse congolaise à sortir de la précarité dans laquelle elle se trouve. Une commission mise en place pour la circonstance a élaboré un document dans lequel sont consignées des recommandations relatives au financement des médias.

En effet, après avoir fait l’état des lieux des médias publics et privés, les participants ont fait des recommandations ci-après : la modification de l’article 8 de la loi n° 08-2001 du 12 novembre 2001 en vue de rendre obligatoire et annuelle l’aide à la presse ; la modification de la loi n° 16-2001 du 31 décembre 2001 portant institution de la redevance audiovisuelle pour étendre le champ des bénéficiaires à l’ensemble de la presse publique et privée nationale ; la rétrocession aux administrations des médias de la moitié des menues recettes qu’elles collectent ; la mise en place d’une commission pour étudier les mécanismes de mise en œuvre de l’aide indirecte de l’Etat à la presse ; l’institution, par les organes officiels, de l’obligation d’acheter en priorité des espaces de communication dans les médias locaux, plutôt que dans les médias étrangers ainsi que la création d’un office de diffusion de la presse, avec la participation des médias concernés et des partenaires publics ou privés locaux.

Il convient de rappeler qu’au Congo, l’aide à la presse est consacrée par la première loi sur la liberté de la presse en 1992. Depuis, des mécanismes relatifs au financement des médias, prévus par ce texte, ne sont pas appliqués. Bien qu’étant financés entièrement par le budget de l’Etat, les médias publics accusent eux aussi beaucoup de difficultés inhérentes à la lourdeur des procédures de décaissement des fonds au Trésor public.

La redevance audiovisuelle, instituée depuis 2001, relève du domaine de la fiscalité et reversée par la Société nationale d’électricité au Trésor public sur un compte bien précis. Mais, il s’avère que ces fonds ne sont pas transférés aux médias bénéficiaires, malheureusement.

Par ailleurs, les médias privés font face à une précarité forte parce que leurs propriétaires ne peuvent pas mobiliser des moyens financiers et logistiques conséquents pour leur garantir un niveau économique à la hauteur de leur mission.

Les marchés de la publicité et de la vente d’espaces ou de pages ne permettent pas de réunir les ressources financières nécessaires en vue de répondre à leurs charges de fonctionnement et d’équipement.

En outre, les participants ont rappelé que beaucoup de pays africains ont adopté le principe de l’aide publique à la presse. Ainsi ont-ils relevé, des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal et le Gabon ont déjà une longue expérience dans l’attribution de l’aide de l’Etat à la presse. Le Congo fait partie des pays africains ayant adopté ce principe mais dans la pratique, rien n’est fait.

Il convient ainsi de noter que les assises de la presse congolaise ont adopté plusieurs recommandations dans l’optique d’arrimer les médias congolais aux nouvelles exigences communicationnelles puisque ces travaux étaient placés sur le thème « La presse congolaise, vingt-six ans après les états généraux : bilan, enjeux et perspectives à l’ère du numérique ».

Parmi ces recommandations, on peut citer, entre autres, celles portant sur la création et le fonctionnement des médias privés au Congo ; l’utilisation des réseaux sociaux au Congo ; la protection de la profession de journaliste contre des opportunistes ; celle sur les fake news et la recommandation relative à la création de l’Ordre des professionnels de l’information et de la communication au Congo.

Notons qu’à l’issue de ces assises, une commission composée de onze membres et dirigée par le Pr Ludovic Miyouna a été mise en place. Elle aura, parmi ses missions, celle de suivre la mise en œuvre des recommandations, résolutions et lois actualisées issues de cette grand-messe de la presse congolaise.

     

    

Roger Ngombé

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