Meurtre de deux experts de l’ONU: de nouvelles pistes dans la quête de la vérité

Mercredi 20 Décembre 2017 - 17:00

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Les relevés téléphoniques consultés par Radio France internationale (RFI) et l'agence Reuters révèlent que des agents de l’Etat et affiliés ont participé à l’organisation de la mission qui a coûté la vie, le 12 mars 2017, à Michael Sharp et Zaida Catalan.  

L’assassinat de deux experts de l’ONU dans le bourbier kasaïen, alors qu’ils étaient en pleine mission sur le  terrain, a toujours été présenté comme le seul fait des miliciens de Kamuina Nsapu qui ont endeuillé la région en cette période. Et pourtant, une enquête menée conjointement par RFI et Reuters, sur la base d’éléments issus du dossier d’instruction de la justice militaire congolaise réunis entre mars et mai 2017, fruit d’une coopération avec l’ONU, laisse entrevoir la participation des agents de l’Etat et affiliés à l’organisation de cette mission terminée de vile manière. « Je suis porté à croire que l’exécution des experts ne pouvait pas être décidée par une simple milice », avait déclaré, en pleine audience, l’auditeur militaire (cité par les deux médias) le 26 juillet 2017, près de deux mois après le début du procès des assassins présumés des experts onusiens.

Pour RFI et Reuters, en effet, ces mots si lourds de sens du lieutenant-colonel Jean Blaise Bwamulundu Guzola laissaient supposer qu’il y avait bien anguille sous roche et qu’il fallait investiguer par rapport à cette nouvelle piste. Ce, d’autant plus que l'auditeur militaire aurait soutenu, séance tenante, détenir « un flash disk de plus de 10 Giga » de fadettes, ces relevés téléphoniques des appels et messages émis et reçus. Le lieutenant-colonel Jean Blaise Bwamulundu était convaincu que la divulgation publique de ces fadettes allait orienter le procès vers les commanditaires du meurtre qui pourraient être tentés de prendre la tangente. Là où le bât blesse, fait remarquer le rapport d’enquête des deux médias internationaux, c’est que l’expert en télécommunications, convoqué par le tribunal sur une requête de la défense pour expliquer à la Cour le contenu de ces relevés téléphoniques, ne s’est jamais présenté.

Bien plus, les avocats des douze miliciens accusés n’ont toujours pas eu accès à ces fadettes qui, pour l’heure, constituent une pièce à conviction de taille, susceptible de décanter un procès à la fois complexe et compliquée. L’autre fait troublant est que ces éléments de preuve, pourtant contenus dans le dossier d’instruction, ont été jusqu’ici écartés du procès et du rapport du comité d’enquête de l’ONU, à en croire les deux médias. Un nom est mis en exergue dans ce rapport.

Une chose est sûre, c’est que depuis l’ouverture de ce procès-fleuve, aucun des individus auxquels ces numéros « sensibles » appartiennent n’a comparu devant le tribunal, indique-t-on dans le rapport de l'enquête initiée conjointement par Reuters et RFI. L’enquête et le procès sont toujours en cours et la présomption d’innocence continue donc de s’appliquer à chacun des prévenus. « Nous ne demandons qu’à être informés, s’il y a un agent de l’Etat qui est impliqué, il sera poursuivi et jugé », a pour sa part martelé Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement. Dossier à suivre.

 

Alain Diasso

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