Mgr Ernest Kombo, une figure du Congo contemporain

Lundi 20 Octobre 2014 - 19:15

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Il y a six ans, disparaissait l’évêque-jésuite d’Owando, une bourrasque qui ne laissait pas indifférent

Le temps semble s’écouler bien vite lorsqu’il s’agit d’évoquer la vie d’un homme marquant. On a l’impression, en effet, que c’était hier ; que les commentaires n’ont pas encore eu le temps de tiédir. Et pourtant ce sont bien six ans bien sonnés qui sont passés depuis ce 22 octobre 2008 et cette nouvelle venue de l’hôpital parisien du Val-de-Grâce, en France, où Mgr Ernest Kombo a rendu son dernier soupir suscitant une émotion quasi-générale.

Pendant plus d’un an, loin de chez lui, l’évêque d’Owando (qui fut aussi le premier évêque de N’Kayi à la création de ce diocèse, en décembre 1983 et, cumulativement, pendant un temps, administrateur apostolique de Pointe-Noire) luttait contre le mal qui devait l’emporter. Quelques mois avant l’issue fatale, le prélat était retourné pour quelques instants au Congo pour  des affaires pressantes dans son diocèse. Son état alors donnait peu à espérer de la lourde médication à laquelle il était soumis.

Mais si les catholiques retiendront de lui le véritable « bulldozer » que fut ce premier jésuite congolais, la nation congolaise se rappellera quant à elle Mgr Kombo comme l’homme qui conduisit les travaux de la Conférence nationale souveraine. Lui qui ambitionnait de faire « atterrir en douceur » (sic) l’avion de la démocratie congolaise en ces années 1990 où le multipartisme n’était encore qu’une ambition à consolider, sera dans les mémoires comme celui grâce à qui le Congo a pu assumer la transition vers les premières élections démocratiques.

L’héritage de Mgr Kombo aujourd’hui restera dans l’obsession qui le hantait d’ouvrir les fronts de dialogue, partout. Y compris en jouant des coudes et en bousculant les quant-à-soi. Cela ne lui valut pas que des félicitations, mais il donna à comprendre à la classe politique que l’art de gouverner est aussi dans la volonté de faire bouger les lignes. Et d’assumer critiques et sarcasmes car parties intégrantes de l’action publique, 3 millions de Congolais ne pouvant s’unir autour de l’essentiel sans une voix discordante.

Lucien Mpama