Migration et asile : l’Afrique attend des mesures acceptables du nouveau pacte européen

Lundi 12 Octobre 2020 - 12:11

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Le texte présenté par la Commission européenne a beau être différent du très décrié règlement de Dublin - à l’origine des tensions concernant la répartition des quotas obligatoires de réfugiés, décidés après la crise de 2015 -, il demeure néanmoins plus contraignant pour les migrants africains. Reste à savoir si ses principales conclusions seront bien accueillies sur le continent qui veut que les candidats à la traversée de la Méditerranée soient traités avec humanité.

Contrôles aux frontières, plus de retours vers les pays d’origine, favoriser l’installation, relocalisation ou renvois, tels sont, entre autres, des concepts qui ont été redéfinis par Bruxelles pour tenter de trouver des solutions à l’épineuse question de l’immigration.

Le nouveau pacte sur les migrations et l’asile va faire l’objet de discussions pendant quelques mois. Il prévoit certes un « mécanisme de solidarité obligatoire » de tous les pays de l’Union européenne(UE) avec les Etats de première arrivée de migrants comme la Grèce, l’Italie ou Malte, lorsque ces derniers sont « sous pression », mais il durcit le ton contre le phénomène des migrants irréguliers.

Le texte recommande, par ailleurs, que soient mises à l’abri des poursuites les ONG qui viennent au secours des migrants en détresse en Méditerranée. Il souligne que si un Etat n’a pas renvoyé dans son pays un migrant dans un délai de huit mois, il doit l’accueillir sur son sol. A ce sujet, il faut signaler que l’UE a actuellement 24 accords de réadmission avec des pays tiers, mais tous ne marchent pas.

Une fois le nouveau pacte européen sur les migrations approuvé, la Commission européenne que dirige Ursula von der Leyen va intensifier sa coopération avec les pays tiers, afin de développer des voies de migration « légales ». Dans cette optique, l’exécutif veut achever la réforme de la « blue card » européenne pour attirer des travailleurs hautement qualifiés. Il veut aussi augmenter les « réinstallations » des réfugiés depuis leur pays d’asile vers un Etat européen.

Plus d’aide au développement nécessaire pour contenir les migrants africains

Parmi les mesures annoncées figure celle stipulant que les pays qui accueillent des migrants toucheront 10 000 euros par personne relocalisée, 12 000 euros pour les mineurs non accompagnés, une contribution financée par le budget européen. Ce qui est très important, mais l’Afrique souhaite que les 27 contribuent davantage à son développement afin qu’elle parvienne à contenir ses filles et ses fils qui émigrent en Europe pour des raisons économiques.

Selon des sources concordantes, l’année 2020 est marquée par une recrudescence d’embarcations en Méditerranée centrale, route migratoire la plus meurtrière du monde pour les candidats à l’exil vers l’Europe, venus pour l’essentiel de Libye et de la Tunisie voisine. En 2019, plus de 100 000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée et plus de 1 200 ont péri en mer, selon l’Organisation internationale des migrations.

En ce qui concerne les demandeurs d’asile en Europe, un rapport de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) indique qu’ils sont pour la plupart originaires de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie et du Venezuela. L’étude précise que même parmi les migrants - raisons humanitaires, économiques et autres confondues -, aucune nation africaine ne figure parmi les premiers pays d’origine : les cinq premières places sont occupées par la Chine, la Roumanie, l’Inde, la Pologne et le Vietnam. Le Maroc est le premier pays africain à figurer dans la liste, notamment à la 18e place, suivi ensuite par le Nigéria (31e), l’Algérie (46e), l’Égypte (48e) et l’Érythrée (49e).

Commentant ces données, plusieurs spécialistes, dont François Héran, professeur au Collège de France sur la chaire Migrations et sociétés, affirment que « l’idée selon laquelle l’Europe serait envahie par les migrants africains est complètement fausse ». « Il y a aussi un fantasme, comme quoi l’immigration vers la France et l’Europe vient surtout de l’immigration africaine, mais il faut aller loin dans la liste pour trouver des pays africains. », relève de son côté Jean-Christophe Dumont, responsable de la division Migrations internationales de l’OCDE. « On a cette image du migrant qui traverse la Méditerranée en bateau, au péril de sa vie, et qui vient demander l’asile en Europe », démystifie-t-il.

Nestor N'Gampoula

Légendes et crédits photo : 

La présidente de la commission européenne, Ursula von Der Leyen

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