Mines : Glencore soupçonné des faits de corruption

Mardi 3 Juillet 2018 - 17:15

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Le géant minier suisse  fait l’objet d’une enquête initiée par le Département américain de la justice pour des faits présumés de corruption en RDC, au Nigeria et au Venezuela. Obligation lui est faite, via une assignation judiciaire, de produire des documents prouvant le respect des lois anticorruption et contre le blanchiment d'argent.

Les choses ne tournent plus rond depuis un certain temps au sein du groupe Glencore, le géant suisse actif dans les mines (cuivre, cobalt) et le négoce de matières premières (pétrole, métaux, céréales). Installé en République démocratique du Congo (RDC), ce grand opérateur minier se trouve, en effet, dans le collimateur du Département américain de la justice qui le soupçonne d’être impliqué dans des actions de corruption et de blanchiment d’argent. Une assignation en bonne et due forme, émise le 2 juillet  par la justice américaine, exige à la société de « produire des documents et autres enregistrements en application de la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger ». En fait, les soupçons de corruption qui planent sur Glencore sont liés à ses activités au Nigeria, au Venezuela et en RDC.

Au stade actuel, il ne s’agit que d’une demande de documents par des autorités américaines et non pas d’une annonce d’enquête formelle contre la société. Nonobstant cette nuance, l’action de Glencore a chuté de plus de 10% à la Bourse de Londres à l’annonce de cette nouvelle. Pour maints analystes, ce dernier développement à décharge du géant zougois avec, à la clé, une enquête en gestation, ne surprend outre mesure lorsqu’on connaît les tribulations de Glencore empêtré dans plusieurs combines maffieuses aux contours flous. Une certaine opinion attend de la justice américaine des investigations fouillées, notamment sur les agissements ayant permis à Glencore de mettre la main sur des actifs de classe mondiale en RDC à des prix bradés.

Présent dans le pays par le biais de ses filiales Mutanda Mining et Kamoto Copper Company qui emploient plus de douze mille personnes, le groupe Glencore ne jouit décidément pas d’une bonne image en matière de transparence que requièrent les transactions. Ses relations d’affaires en RDC ne sont pas des plus recommandables. Les accointances de ce groupe avec l’affairiste israélite Dan Gertler, mainte fois accusé de corruption et de pillage des ressources naturelles en RDC, passent mal dans le chef d’une certaine opinion. Glencore, renseigne-t-on, avait racheté, dans des circonstances obscures, pour cinq cent trente-quatre millions de dollars, la part de Dan Gertler dans la compagnie minière Mutanda Mining. La compagnie zougoise avait récidivé en concluant un nouvel accord avec Dan Gertler qui  prévoyait le versement par Glencore de quelque cent dix millions d’euros par an de dividendes à l’homme d’affaires israélien.

Selon l’ONG Global Witness, il s’agissait d’une tentative délibérée de contourner les sanctions américaines. L’une des sociétés visées par le Trésor, Ventora, est justement celle qui doit recevoir les dividendes de Glencore. Acculée, la société minière a, par le biais d’un communiqué, annoncé qu’elle va « examiner l’assignation et fournir d’autres informations en temps et en heure ». En attendant, l’image de ce géant minier a attrapé un sérieux coup d’estocade. Déjà, l’annonce de l’assignation américaine a fait plonger le titre de 7,5% à 322 pence (3,64 euros) dans les premiers échanges, mardi matin à Londres.​ Dossier à suivre.

   

Alain Diasso

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