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Mise au point

Lundi 29 Avril 2019 - 11:46

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En réponse à la Réflexion que nous avions publiée, il y a tout juste une semaine sous le titre « Où va le couple France-Allemagne ? », l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) au Congo nous a fait parvenir la mise au point suivante que nous relayons dans son intégralité.

« C’est en lecteur fidèle et avec le plus grand intérêt que j’ai pris connaissance, à l’instar de mes collègues de l’UE,  de votre article sur le couple franco-allemand publié en dernière page des Dépêches ce 23 avril.

Tout d’abord, il y a lieu de saluer ces réflexions bienvenues à la veille d’élections extrêmement importantes pour renouveler le Parlement européen dans un contexte de montée des populismes et de polarisation des opinions publiques. Indéniablement, à l’issue de ces élections, l’UE devra conduire des réformes importantes afin de continuer à assurer ses responsabilités en tant qu’acteur global majeur dans un monde de plus en plus complexe où le multilatéralisme est mis à mal alors même que les défis internes et mondiaux sont plus nombreux que jamais.

Au-delà de ce débat d’idées il nous paraît opportun d’attirer votre attention sur quelques éléments factuels à prendre en compte dans le cadre du sujet abordé :

° L’UE ou ses ancêtres n’a jamais compté sept pays membres. C’est en 1951 que six pays, l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas  ont fondé la CECA (Traité de Paris). C’est en 1973 que le Royaume-Uni a rejoint la Communauté économique européenne créée en 1957 par le Traité de Rome et ne peut remplacer l’Italie parmi les membres fondateurs.

° L’Allemagne en tant qu’Etat nation n’existe que depuis 1871 et n’a donc pas pu « se disputer avec la France pendant des siècles ». De même ni le territoire, les institutions, la Constitution, la politique nationale ou internationale de l’ancien Reich ne correspondent à l’Allemagne réunifiée que nous connaissons aujourd’hui.

° Si les deux guerres mondiales,  nées sur le sol européen, et leur expansion géographique sont liées aux disputes et déchirements entre la France et l’Allemagne, la création de l’Union européenne a été marquée par la réconciliation entre ces deux peuples (souvenons-nous du Traité de l’Elysée de 1963). L’axe franco-allemand  a été et demeure l’un des moteurs essentiels de l’intégration européenne. A cet égard, le récent traité d’Aix-la Chapelle signé ce 22 janvier entre ces deux pays témoigne de la vitalité de ce couple. Il est fondamental d’en tenir compte.

° L’édifice européen est certes mis à mal par le Brexit,  notamment sur la question de l’Irlande du Nord où l’UE continue de jouer un rôle majeur dans le processus de paix. Il est essentiel de préserver à l’avenir ces acquis, dont les enjeux viennent d’être tragiquement rappelés par l’assassinat d’une journaliste à Derry.

°  L’élargissement de 2004 de l’UE incluait en effet principalement d’anciennes « démocraties populaires » mais aussi Chypre et Malte.

° Les élections pour le Parlement européen se dérouleront bien du 23 au 26 mai sur l'ensemble du territoire de l’Union.

En conclusion, cher Monsieur, nous (c’est-à -dire l’ensemble des chefs de mission de l'UE présents à Brazzaville) sommes d’avis que votre tribune suscite un débat d’idées intéressant mais mérite certains éclaircissements.  Nous serions ravis d'approfondir nos échanges à ce sujet.

Avec nos meilleures salutations : Raul Mateus Paula Ambassadeur de l'Union Européenne, Bertrand Cochery Ambassadeur de France, Klaus Peter Schick, Ambassadeur d'Allemagne, Stefano De Leo Ambassadeur d'Italie, Fréderic Meurice Chef de mission du Royaume de Belgique

Les sujets évoqués dans notre Réflexion et dans la mise au point des ambassadeurs qu’elle a suscitée étant importants à tous égards, le débat sur l’avenir de l’UE en général et du couple Allemagne-France en particulier nous paraît, en effet, essentiel. Il n’intéresse pas seulement les pays européens mais concerne toutes les nations qui entretiennent des relations étroites avec l’UE, les nations africaines tout particulièrement. Nous sommes donc prêts, quant à nous, à y participer.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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