Mobile Banking : plus de 500.000 Congolais financiarisés

Vendredi 27 Février 2015 - 20:59

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Continent au taux de bancarisation le plus faible du monde (10%), l’Afrique construit son modèle grâce au mobile banking. C’est une innovation africaine par laquelle le portemonnaie physique est transformé en portefeuille électronique. En République du Congo, plus de 500.000 Congolais sur les 2,6 millions d’abonnés que compte la société de téléphonie mobile Airtel Congo sont déjà financiarisés grâce à un nouveau service appelé «Airtel money». Cette nouvelle opportunité technologique a plusieurs implications ayant grand impact dans la vie socio-économique des populations.

Selon les spécialistes du secteur bancaire, l’insuffisance des revenus, l’irrégularité des salaires, l’inaccessibilité aux services bancaires et la pauvreté justifient la faiblesse de la bancarisation en Afrique. Depuis une quinzaine d’années, ce continent a vu se multiplier des nouveaux acteurs transnationaux africains dans le secteur des banques, à l’instar d’Ecobank, Attijariwafa bank, UBA, BGFI bank etc.

Au regard de ces avancées, ce secteur connaît une percée fulgurante avec l’usage du mobile banking qui a pris naissance au Kenya avec le service des transactions électroniques «M’pesa». Grâce à cette innovation technologique typiquement africaine, le service bancaire du continent avait déjà enregistré en 2010, 12 millions d’abonnés ayant des comptes bancaires en utilisant le téléphone mobile. En 2012, les statistiques donnaient 60% de la population en Afrique au sud du Sahara  possédant un téléphone portable. Au Congo, trois quart de la sa population concentrée dans les grandes agglomérations (Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Ouesso etc.) ont cet outil moderne de communication.

Avantages du Mobile banking

Lancé en avril 2012, le service «Airtel money» a simplifié la vie des populations et rendu service a plusieurs abonnés du réseau Airtel Congo. «Airtel money permet à tous ceux qui ont des comptes dans ce service électronique de payer le crédit et des factures, de faire des transactions financières au niveau national seulement à partir de leurs téléphones portables et sans se déplacer», nous confie Aristide Mikala, operations manager à Airtel money.

Grâce à ce service, dit-il, les abonnés ayant déjà des comptes peuvent également faire des achats dans certains supermarchés et restaurants, ainsi qu’acheter à distance des articles et des produits pharmaceutiques dans certaines pharmacies reconnues par cette société de téléphonie mobile. De même, ils peuvent faire un linkage des comptes bancaires, c’est-à-dire, les lier aux numéros de leurs téléphones portables pour toute sorte de transaction électroniques, consultation de leurs soldes bancaires, pourvu que leurs portables soit crédités.

Le mobile banking a donc un intérêt majeur parce qu’il réduit les contraintes de temps et d’espace, tout en permettant aux abonnés de faire des économies. «Quand j’envoie un million de FCFA à Oyo, dans le département de la Cuvette, pour mes chantiers, je paie 16.000 francs CFA pour le transfert. Pour minimiser les coûts, je suis quelquefois obligé de m’y rendre sur place en payant 10.000 francs FCFA du billet aller-retour, profitant de voir mes parents. Or avec Airtel money, je ne paie que 1000 FCFA pour un million de FCFA. Mais depuis novembre dernier, mes dépôts et retraits sont gratuits ; ce jusqu’en mars 2015», rapporte un usager d’Airtel money qui a requis l’anonymat.

En effet, en réduisant les coûts des transactions et les contraintes géographiques, ajoute Aristide Mikala,  Airtel money représente une alternative crédible aux circuits informels pour des populations au revenu faible et/ou dans les zones reculées du Congo. Cette technologie aux usages multiples, rapproche davantage la population de la banque qui, hier était l’apanage des fonctionnaires de l’Etat, des entrepreneurs et grands commerçants.

Des facteurs catalyseurs               

«Nous souhaitons à terme, la mise en œuvre d’une véritable synergie entre les banques africaines, les réseaux télécom et les citoyens, afin que les populations longtemps exclues du système bancaire, y accèdent désormais», suggérait le chef de l’État congolais, Denis Sassou N’Guesso, lors de la 3e  édition du forum économique Forbes Afrique, tenu le 25 juillet 2014 à Brazzaville.

À cette occasion, Denis Sassou N’Guesso indiquait qu’il s’agisse de mobile banking, de la micro finance, il va être difficile au système bancaire africain de gérer les innovations sans créer des alliances avec des partenaires tels des opérateurs de télécom, des assureurs de bourses de valeur etc, en vue de croître la rapidité de la densification du système bancaire africain. C’est ainsi que «Airtel money», a déjà signé un partenariat, le 14 novembre 2014 avec BGFI bank  et la société pétrolière Total, pour aider ceux qui ont souscrit à ce compte d’effectuer leurs transactions bancaires en toute sécurité. Dans un avenir proche, ce partenariat sera élargi à UBA, BCI et Ecobank, a fait savoir Aristide Mikala.

Il a, par ailleurs, rassuré que ce service va sous peu, effectuer également des transferts internationaux notamment dans les 14 pays d’Afrique où Airtel est présent. Il s’agit entre autres du Congo, de la RDC, du Gabon, du Tchad, du Burkina Faso, du Kenya, de l’Ouganda et du Rwanda. Pour faire toute sorte d’opérations électroniques liées à ce service, il faut d’abord être abonné à Airtel ou Warid, avoir un compte Airtel money et disposer du crédit dans son téléphone portable. Ensuite, composer *128*1# ok pour accéder au service. Les dépôts et retraits se font dans les shops Airtel, les kiosques, Mongo shops, le réseau Money Gram, les agences BGFI bank, MCO et SNAT.

Airtel money est un réseau qui compte 500 points de distribution dans tout le pays. Il a plus de 200 boutiques et commerces qui acceptent le paiement par Airtel money. Selon le directeur d’Airtel money, Martin Kingué, ce service a plus de 70% de part de marché dans le secteur des transactions financières mobiles. C’est plus de 10 mille transactions par jour, a-t-il précisé, lors du lancement de la promo du service Airtel money, le 14 novembre dans la ville capitale.

Bon à savoir : 251 millions d’Africains devraient être bancarisés via le mobile en 2019 

                                                         

Philon Bondenga

Légendes et crédits photo : 

Photo: DR