Moïse Katumbi : « J’ai un mandat à terminer avant de penser à autre chose »

Mardi 24 Février 2015 - 19:30

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Dans une récente interview accordée à la Libre Belgique, le gouverneur du Katanga a laissé entendre que sa province ne bénéficie rien en retour en termes de rétrocession alors qu’elle contribue annuellement jusqu’à hauteur de 5 milliards de dollars au budget de l’État.

Le gouverneur du Katanga que d’aucuns voient déjà dans la peau d’un candidat président de la République, dans la perspective de la prochaine présidentielle, se garde d’arborer encore son nouveau statut. Et pourtant, ses derniers faits et gestes dont notamment la fameuse allégorie de troisième faux penalty avaient suffi pour convaincre plus d’un sur ses prétentions à ce sujet. Mais l’intéressé préfère jouer la carte de la prudence en se réservant de faire des déclarations tapageuses susceptibles d’être faussement interprétées. Dans une récente interview parue dans les colonnes de la Libre Belgique peu après son retour dans son fief du Katanga après deux mois passés à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est resté énigmatique sur cette question préférant mettre plus d’emphase sur son mandat finissant à la tête de la province cuprifère.

Il lui reste, en effet, un peu moins de deux ans pour achever cette mandature. Et le président du TP Mazembe sait qu’il a encore beaucoup à faire pour tirer sa riche province du sous-développement dans lequel elle s’est empêtrée bien malgré elle. « Il reste un peu moins de deux ans au président Kabila pour achever son travail dans le cadre de son mandat légitime. Terminons nos mandats et retroussons-nous les manches pour sortir le peuple congolais de la misère », a-t-il déclaré. En fait, Moïse Katumbi n’a jamais digéré qu’on lui impute la responsabilité du sous-développement du Katanga symbolisé par une population pauvre ne tirant pas bénéfice de l’immensité des ressources naturelles dont elle regorge.

Cette rentrée médiatique de Katumbi à travers la Libre Belgique lui a permis de remettre la pendule à l’heure et, par ricochet, de répondre à ses détracteurs. Pour lui, c’est au pouvoir central qu’il faudrait faire porter le chapeau du sous-développement du Katanga. Il dénonce la lenteur qui caractérise le processus de la rétrocession de 40% des recettes générées par les provinces. « Moi, j’ai essayé de développer ma province avec le budget dont je dispose. Quand je suis arrivé, le Katanga était, avec les mêmes richesses, le troisième contributeur de l’État. Deux ans plus tard, nous sommes devenus le premier. Mais nous ne recevons rien en retour », se justifie-t-il. Des propos qui ont tout l’air d’une expression de dépit de la part d’un gouverneur de province incompris. Et d’ajouter que sa province génère annuellement entre 4 et 5 milliards de dollars à titre d’apport au budget national.

Curieusement, cet argent emprunte d’autres destinations sans que la province productrice n’en tire des dividendes. « Le retour de Kinshasa est quasiment nul », regrette Moïse Katumbi à qui l’on a toujours brandi le prétexte de la guerre pour justifier une rétrocession en dents de scie sans commune mesure avec ce que produisent réellement les provinces. « Maintenant que la guerre est finie, j’espère que nous pourrons enfin recevoir ce qui nous est dû, soit 2,7 milliards de dollars », a-t-il ajouté.

L’ex-président interfédéral du PPRD/Katanga s’est poliment refusé d’aborder la question en rapport avec son éventuelle candidature à la présidence de la République. « J’ai un mandat à terminer avant de penser à autre chose », s’est-il contenté d’avancer à présent que le débat sur la révision de la cConstitution est clos et que les échéances électorales sont désormais fixées. Des propos qui, d’après maints analystes, ne font que creuser davantage le fossé entre ce leader sociopolitique du Katanga et le pouvoir kabiliste.

   

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Moïse Katumbi Chapwe