Mondial 2014 : le match du discrédit des Lions indomptables

Samedi 21 Juin 2014 - 0:45

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Mercredi soir, les Lions indomptables, dépassés dans tous les secteurs, ont subi une cuisante défaite face à la Croatie (0-4). Mais davantage que la prestation sportive, c’est le comportement des Lions autrefois indomptables qui a choqué les spectateurs : l’agression inacceptable d’Alexander Song, expulsé par un coup dans le dos de Mandzukic, puis le coup de tête assené par Assou-Ekoto à son coéquipier Moukandjo. Un triste spectacle qui déshonore le football camerounais et africain

Finalement, l’horaire tardif de ce match aura évité qu’un trop grand nombre de gens assistent au spectacle honteux livré par les Lions indomptables du Cameroun. Balayés sportivement par la Croatie, les Camerounais se sont distingués par de biens mauvais gestes, à l’image du coup asséné par Song dans le dos de Mandzukic : un geste inqualifiable de la part du neveu de Rigobert Song (qui détient un triste record, avec Zidane : celui d’avoir été expulsé lors de deux Coupes du Monde différentes, en 1994 et 1998), qui laissait ses coéquipiers à dix dès la 39e, alors que la Croatie ne menait que d’un but.

Eto’o et Song, de faux leaders à écarter

Remplaçant à Barcelone, Song conteste à Eto’o, depuis plusieurs années, le leadership de la tanière. Persuadé que son statut de « neveu de » suffisait à avoir le brassard de capitaine, l’ancien Bastiais a contribué au pourrissement de l’ambiance au sein de l’équipe du Cameroun. Mais comme Eto’o, avec ses caprices de diva, Song vient de montrer qu’il n’avait rien d’un leader. À l’avenir, c’est sans ces deux hommes que le Cameroun devra se reconstruire.

Une équipe où tout reste à refaire…

Et le chantier sera vaste. Une attaque aphone, car malgré son activité, Aboubakar s’est surtout distingué par sa maladresse dans le dernier geste, un milieu sans idée et sans caractère, une défense passoire malgré des éléments de qualité comme Nkoulou… Tout est à refaire dans cette équipe, qui, contrairement aux années 1980 et 1990, ne peut plus s’appuyer sur un bon championnat local.

… à l’image du championnat local

Car le procès que l’on peut faire aux Lions est aussi celui de leurs dirigeants. Dans nos colonnes, Didier Roustan estimait « que le Cameroun s’est endormi sur ses lauriers après les bons résultats des années 1990 et ne s’est jamais remis en question ». Une analyse d’une cruelle lucidité, car tout est gâté dans le football camerounais : les grands clubs locaux, le Tonnerre et le Canon de Yaoundé, qui régnaient sur le foot africain, ne brillent plus, et le Coton Sport de Garoua n’est que l’arbre qui cache la forêt.

Faits divers et coups bas rythment la vie du football camerounais

Les principaux coups d’éclat du football camerounais sont à trouver dans la rubrique des faits divers : grèves, un président de fédération réélu depuis sa cellule, saillies verbales de Milla contre les actuels joueurs ou les différents sélectionneurs… Le lustre du quadruple vainqueur de la CAN et du champion olympique 2000 est bel et bien terni par ce Mondial 2014. Qui fait suite à une édition 2010 à peine moins ridicule.

Une grève, les bouderies d’Eto’o ont amorcé le naufrage

Il faut dire que cette aventure brésilienne avait mal commencé, puisque les Lions ont, comme toujours, débuté leur Mondial avec 24 heures de retard en raison de l’éternelle grève des primes. Rappelons que les Lions avaient refusé de monter dans l’avion qui devait les mener au Brésil. Par la suite, après une piètre prestation face au Mexique, Samuel Eto’o a fait du Eto’o, disparaissant des entraînements et déclarant forfait pour le match de la Croatie, laissant l’impression d’abandonner le navire pendant qu’il coule.

Les joueurs sont-ils conscients du désastre?

Et le navire a touché le fond mercredi, avec ce large revers. Pour sauver ce qui reste d’honneur à cette équipe, il reste un match à jouer, face au Brésil, ce lundi soir. Pour l’image du football camerounais, et africain par extension, il faudrait une belle prestation des coéquipiers de Stéphane Mbia. Mais la réaction de ce dernier, au sortir du naufrage de mercredi n’incite pas à l’optimisme : « Je ne sais pas ce qui s’est passé (sur l’expulsion de Song, NDLR), je n’ai pas vu l’action. Mais je pense que l’arbitre aurait dû être indulgent. » Une preuve supplémentaire que ces joueurs-grévistes, sont totalement déconnectés de la réalité et ne réalisent probablement pas l’ampleur du désastre.

Manaus, le « Knysna » des Lions indomptables

En 2010, la France avait connu le traumatisme de Knysna. Le Cameroun a désormais celui de Manaus. La reconstruction de l’équipe et la reconquête du public seront longues et difficiles. La première pierre pourrait venir des joueurs, qui prouveraient qu’ils ont du cœur en versant leurs primes à des œuvres caritatives et au football amateur camerounais.

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Auteur d'un acte violent et gratuit, Alexander Song a abandonné ses coéquipiers après 39 minutes de jeu, précipitant leur naufrage. (© Adiac) ; Photo 2 : Comme Song, Samuel Eto'o nuit à la sélection du Cameroun par ses bouderies et ses caprices de diva. (© Adiac) ; Photo 3 : Benoît Assou-Ekotto, excédé par le comportement de Moukandjo, lui a asséné un coup de tête qui a fait le tour du monde. (© Adiac)