Monnaie : Des économistes africains appellent à un débat sur le franc CFA

Mercredi 27 Mai 2015 - 13:11

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Des économistes africains parmi lesquels Martial Zé Belinga, Demba Moussa Dembélé, Sakho Bamba et Makhily Gassama ont adressé une lettre ouverte à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) où ils affichent leurs positions sur la politique monétaire de la zone franc.

Ces économistes estiment qu’une critique nouvelle et interne du franc CFA est nécessaire. « Alors que de plus en plus des sociétés politiques africaines, dans un bel et suspect élan transcendant les colorations politiques, semblent se donner pour objectif l'horizon nouveau d'une "émergence économique à l'asiatique", peu d'intérêt paraît être accordé au fait que, dans la majorité des situations, les pays dits émergents disposent de monnaies nationales, de politiques monétaires discrétionnaires orientées vers les besoins de croissance, d'industrialisation et de transformation économique », peut-on lire.

Ces économistes que les pays du Golfe, les États-Unis, la Chine, le Brésil, la Russie, l’Europe, le Japon, entre autres, via leurs banques centrales et « leurs ressources intellectuelles mobilisées, sont tous investis dans une gestion stratégique extrêmement fine et réactive de leur monnaie ».

« Quant aux débats sur l'Euro, encore tenaces aujourd'hui, ils impliquent souvent ministres, députés, chefs de parti européens, et abordent les objectifs et fondements même de la politique européenne, le rôle de la banque centrale, l'inflation, n'excluant aucune possibilité y compris un éclatement de la Zone euro », soulignent-ils.

Avant de regretter : « pendant ce temps, la demande critique et citoyenne d'un débat sur la politique monétaire en zone franc se répand irréversiblement des minorités progressistes partisanes de réformes ou de refontes des architectures monétaires, vers les peuples avides d'effets concrets sur leurs existences quotidiennes », regrettent les économistes.

Selon eux, la progression au sein de l'Uémoa/Cémac d'une critique sociale (externe) appelant au moins à un débat sur une monnaie historiquement imposée par le joug colonial français, maintenue par l'encadrement africain et jamais proposée à une quelconque légitimité démocratique, que les positions réformatrices et courageuses du ministre togolais de la Prospective et de l'Évaluation des politiques publiques Kako Nubukpo, prennent sens et valeur.

 « Il serait incompréhensible que les Africains se refusent toutes opportunités de débattre de leurs options monétaires, alors que le monde entier, poussé par les flux de la globalisation, la libéralisation des marchés, la volatilité des avantages compétitifs, les crises systématiques, s'attèle à la tâche d'élaborer et d'actualiser des stratégies et tactiques monétaires gagnantes », révèlent-ils.

 

Noël Ndong

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