Musée d’histoire de Nantes : un autre regard sur les collections

Jeudi 20 Février 2020 - 14:49

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Dans le cadre de ses visites proposées pour découvrir ce monument et son musée d’histoire, une invitation a été faite à un artiste contemporain majeur de la scène artistique africaine, Romuald Hazoumè, de mettre en place un parcours ponctué par ses œuvres dans la cour du château et dans plusieurs salles du musée.

Romuald HazoumèDu 6 mai au 11 novembre, une vingtaine de pièces, dont certaines réalisées spécialement pour le musée d’histoire, viendront côtoyer les objets de collection du Château des ducs de Bretagne. C’est « Un autre regard sur les collections expression (s) décoloniale (s)#2 décoloniser sa pensée, son regard, sa perception », estiment les organisateurs de l’exposition.

La première édition d’Expression(s) décoloniale(s) en avril-novembre 2018 invitait à découvrir les objets d’ethnographie issus des institutions coloniales nantaises et à aborder l’ensemble du parcours d’une manière nouvelle, dans une approche liée au « regard porté sur l’Autre ».

Il était question de mettre en exergue « ce que ne disent pas à haute voix les collections lorsqu’elles évoquent l’Autre… mais qu’elles murmurent tout de même ».

Cette seconde édition propose aux visiteurs de confronter des approches historiques actuelles sur la Traite négrière, et de faire dialoguer des regards européens et africains sur cette histoire commune. La question de l’ancrage territorial dans le regard et le mode d’approche d’une même histoire est au centre de l’interrogation de cette deuxième édition. La manifestation propose aux visiteurs de remettre en question leur point de vue, en découvrant d’autres discours historiques et sensibles autour de la question de la Traite atlantique, et de se laisser surprendre, grâce aux œuvres de Romuald Hazoumè, dans un dialogue ininterrompu entre passé et présent.

Romuald Hazoumè est né en 1962 à Porto-Novo, au Bénin. D’origine yoruba, il est profondément marqué par le vaudou et grandit dans une famille catholique. Par sa double appartenance culturelle, Romuald Hazoumè fait l'épreuve d'une situation conflictuelle qui transparaît dans la création de son œuvre, syncrétique. Au milieu des années 1980, il réalise ses premières sculptures à partir de bidons en plastique qui, après une intervention minimale, expriment subtilement sa vision critique des figures et des systèmes politiques africains.

Hazoumè assemble des matériaux, rebuts et objets désuets, qu'il utilise tels quels ou qu'il forme ou déforme, pour représenter sa vision de la société, d’événements ou de problèmes planétaires. L’artiste réinvestit l'Histoire, tout en conservant un lien immédiat avec l'actualité. Ses recherches se traduisent dans des œuvres monumentales et percutantes, désignant son engagement contre toutes formes d'esclavage, de corruption, de trafic qu'il dresse comme les ultimes témoignages des dérives actuelles.

La question des migrations et de leurs conséquences, qui interroge aussi bien le monde occidental que le monde africain et qui pose la question de l'inégalité des échanges, est devenue centrale dans ses dernières œuvres.

En complément de cette approche artistique, les visiteurs pourront aussi découvrir celle d’un historien ivoirien, Gildas Bi Kakou, docteur en histoire. Ce dernier, qui a consacré sa thèse de doctorat à la Traite négrière ivoirienne au 18e siècle, s’attache aujourd’hui à l’étude des traces historiques, sociologiques et mémorielles de cette histoire en Côte d’Ivoire. Les visiteurs découvriront l’importance des sources orales africaines, dites traditionnistes, dans l’étude actuelle de l’histoire de la Traite atlantique. En effet, ces sources, jusqu’alors peu connues et utilisées, permettent de mieux comprendre ce que la Traite atlantique eu comme emprise et conséquences à l’échelle du continent africain.

 

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Romuald Hazoumè Crédit photo : Romuald Hazoumè

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