Musique : les fâcheuses rumeurs de Dahmu Manero

Mardi 4 Février 2014 - 16:45

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Dans son titre sans équivoque, sorti depuis les États-Unis, le jeune chanteur hip-hop a ramassé une série de ragots étalés sur plusieurs années qui alimentent les conversations kinoises à propos des artistes musiciens.

Le nouveau single sorti dans la mixtape Lingala Fastosh commence de plus en plus à se faire connaître. Et les Kinois, comme de coutume dans pareille circonstance, prennent un malin plaisir à se passer la vidéo de Ba rumeurs via leurs téléphones mobiles. Mais il n’est pas certain qu’elle soit diffusée sur le petit écran. Et pour cause ? La chanson revient sur des faits qui fâcheraient plus d’un. Plusieurs stars locales, et qui plus est, pas seulement vivantes, car les morts aussi sont passés au crible. Et dans leur cas, il s’agit le plus souvent d’une version peu sympathique de leur décès, de quoi en faire retourner certains dans leurs tombes. Dahmu Manero a ainsi donc trouvé à dire à propos de Wazekwa, Koffi Olomide, Werrason, Baby Ndombe, JB Mpiana, Tshala Muana, Meje 30, Cindy le Cœur ainsi que les feus Luambo Makiadi, Pépé Kallé, Madilu et Alain Moloto.

Au final, ce « déballage » avec un grain de malice inavoué , l’on ne peut vraiment pas parler de révélations, évoque pour certains des pratiques mystiques à l’instar de sacrifices humains ou pour le cas de Ferre Gola, par exemple, une mort apparente précédant chaque sortie d’album. Sont également invoquées des usages contre nature comme la nécrophilie ou l’homosexualité, sans oublier la prostitution au sein des orchestres, etc. Ba rumeurs qui, on l’entend, n’ont rien d’anodin. D’aucuns estiment que, vu les grandes affinités observées aujourd’hui entre les vedettes de la chanson congolaise et les médias audiovisuels, journalistes et animateurs, en particulier, ce serait mal vu que d’oser cette diffusion. Pourtant, comme Dahmu Manero, l’on ne devrait pas les incriminer d’avoir juste rendu public ce qui se dit sans complaisance aucune, faut le dire, dans les lieux privés et même publics des fois sans que personne ne s’en offusque ou tout le moins n’ose contredire.

J’ai entendu, il a été dit…

Dans son refrain le chanteur hip-hop déclare ne rapporter que des faits entendus et qui pour certains, à Kinshasa, sont des secrets de polichinelle. « Na lobi na mona te mais na yoka nde, na yebite soki eza ya solo mais na yok’ango... », ce qui en français donnerait : « Je n’affirme pas avoir vu mais j’ai entendu dire, je ne sais pas si les faits sont vrais mais je les ai entendus… ». Et le rappeur de conclure de la sorte  : « Na yoka, baloba mais na mona na nga te, eza na ngo ba rumeurs », entendez par là : « J’ai entendu, il a été dit mais je n’ai rien vu, ce ne sont que des rumeurs ». Des faits à vérifier mais qu’il ne saurait en aucun cas confirmer de son propre chef, pas bête Dahmu Manero.

Jusque-là encore méconnu dans sa ville natale, Dahmu Manero a fait ses débuts dans la musique en 2005 dans le groupe de hip-hop nommé Stanton Fam. Il aura fallu Ba rumeurs pour que presque neuf ans après Kinshasa fasse sa connaissance. Et il deviendra assurément un des artistes de la diaspora les plus connus sous peu. Pour sûr, plusieurs chercheront à en savoir plus sur ce jeune auteur, compositeur et parolier qui a osé pareille impudence même s’il n’a fait, rappelons-le, que rapporter des propos connus. Peut-être que pour avoir grandi dans les rues de Miami, Dahmu manero a pu se permettre ce que nul autre n’aurait fait ici.Dahmu Manero

Fin 2009, Dahmu a sorti sa première mixtape Coming To America, juste une année après son départ de Stanton Fam alors qu’il avait opté pour faire cavalier seul en tant que MC Independent pratiquant le rap en anglais. Sa première apparition sur la scène hip-hop des États-Unis, il la doit à cette œuvre initiale. Par la suite, c’est en qualité d’auteur, compositeur et parolier que lui est offert un contrat avec la Slip-N-Slide Records, maison de production de Miami. Une voie ouverte dans divers projets en compagnie d’artistes tels que Trina, Brisco, etc. Il y a près de trois ans, en 2011, Dahmu revient à ses origines et crée une pratique personnelle du rap où lingala, anglais et français font bon ménage d’où le nom de « trilangual flow ». Et, Lingala Fastosh inspiré de Lingala facile sorti en décembre dernier avec 12 milangi pour premier single disponible sur le net.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Dahmu dans un extrait de Ba rumeurs Photo 2 : Dahmu Manero