Musique : Lutumba Simaro range sa guitare

Samedi 24 Mars 2018 - 11:20

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Né en 1938 à Kinshasa, dans la commune de Lingwala, Simon Lutumba Ndomanueno Masiya fête ses 80 ans d’âge et ses soixante ans de carrière musicale. Il a organisé, le 23 mars, un concert d’adieux à Kinshasa, dans la salle de spectacles Show Buzz. Dans une interview qu’il a accordée la veille à la presse, le chanteur, auteur compositeur, chevronné de la parole musicale et prodige de la guitare rythmique, a déclaré faire ses adieux sur la scène musicale. À l’occasion, il a manifesté sa gratitude à toute la nation ainsi qu’à ses fans.

Pourquoi cet arrêt subit de la guitare qui est un élément-clef de vote musique ?

Lutumba Simaro (L.S.) : Souffrant des douleurs atroces aux jambes, je ne pourrais plus me tenir debout sur la scène en plus de mon âge de retraite atteint. Ce qui veut dire qu’à partir de ce jour, je commence à survivre avec ce que j’ai semé, celui qui sait que j’ai apporté un plus dans sa vie, qu’il m’apporte à boire et à manger. Bientôt, j’irai remettre ma dernière guitare à son excellence le président de la République, Joseph Kabila, qui à son tour le déposera au musée national. Il revient maintenant à Dieu de décider quand il voudra reprendre mon âme. Rappelez-vous bien que dans l’une de mes chansons je dis : « Mokolo na kokufa bazua photo na ngai basalela monument », de telle sorte qu’au passage d’un éventuel étranger qui me demandera, vous pourriez lui dire qui j’étais.

 

De qui tenez-vous votre perfection à jouer à la guitare ?

L.S. : Mon encadreur fut papa Jeannot, un ancien combattant qui vivait sur mon avenue, à Saint-Jean. Dommage que j’ai perdu ses coordonnées et ses traces. Grâce à lui, j’ai eu mon envol de jeune talent lors d’un concours de musique organisé par une brasserie, dans le parc de Broeck (actuel jardin botanique de Kinshasa).

Avez-vous formé une relève de votre côté ?

L.S. : Oui, j’ai aussi encadré beaucoup de mes collègues venus de Lubumbashi tels que Kwami. De mes enfants, un seul que j’ai pu former, c’est Robert Lutumba qui vit à Londres, il joue merveilleusement à la guitare.

Combien avez-vous d’enfants à ce jour ?

L.S. : Le succès et la gloire musicale que j’ai connus se font éventuellement ressentir avec les femmes qui nous suivent, et ce n’est pas toujours facile de se contrôler ou d’inhiber ses sentiments. Les yeux peuvent beau voir, regarder ou contempler des merveilles créatures, mais seul le cœur décide en dernier, poussant l’homme à l’action. J’ai eu la grâce de Dieu, d’avoir une si bonne et merveilleuse épouse, qui a su prendre soin, élever et éduquer tous les enfants dans la famille. Je cite maman Kelani.  Donc que le monde retienne que je n’ai que six enfants dont trois filles et trois garçons, bien qu’ils ne soient pas tous d’une même mère. Le jour où je meurs, que personne n’accepte un septième enfant qui prétendra être le mien, vivant je le dis.

Quel héritage laissez-vous à la jeune génération musicale congolaise ?

L.S : Étant éducateur de la société, je demande aux jeunes de cultiver l’amour et la solidarité entre eux. Qu’ils suivent ma façon de faire, qu’ils viennent demander quand ils ont buté, que la nouvelle génération s’inspire de mes œuvres, qu’ils prennent le côté positif et qu’ils délaissent le négatif.  Car je ne suis qu’un simple mortel. « Muana oyo atunaka, aliaka niama ya ekila te » (proverbe du poète Lutumba) comme pour dire qu’un enfant curieux et vif d’esprit évite de se faire servir  une  viande interdite.

Quel est votre vif souhait pour la musique de la RDC après vos soixante ans de carrière ?

L.S. : Qui écrira sur Lutumba ? Cette question reste cruciale et interpellateur, je suis sidéré de voir un étranger écrire sur la musique congolaise à sa guise quand vous pouvez écrire mieux que lui. Je suis encore vivant, ma porte reste ouverte à tout moment. Je déplore ce que la télé nous balance aujourd’hui jour et nuit. J’ai parfois du mal à suivre nos chaînes de télévision avec mes enfants ou mes petits-enfants, tellement que c’est malsain, nos chaînes veulent nous faire croire que la musique a commencé par cette génération actuelle des musiciens, en foulant aux pieds parfois ce que nous autres avions pu réaliser jadis. Et même dans le Gospel, il n’y a rien de nouveau car dans leurs sons et mélodies, c’est la guitare de Lutumba ou la voix de Madilu Système que l’on trouve…L’histoire est têtue !

Qu’est-ce qui est prévu pour ce double anniversaire ?

L.S. : Je ne fêterai pas seul, Koffi et Manda chante ont déjà choisi leurs titres parmi mes chansons qu’ils vont interpréter sur scène dans la salle. C’est une soirée inédite, il aura tant des surprises ce jour-là, avec beaucoup d’invités de marque, d’autres vedettes de toutes générations confondues seront aussi là pour communier autour de mes 80 ans. Venez nombreux souffler et vivre les derniers temps avec votre artiste qui vous dit au revoir.

 

 

 

 

 

 

Karim Yunduka (stagiaire)

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