Musique : « WÂ » le nouvel album de Mel Malonga

Lundi 4 Janvier 2021 - 16:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Résident en France, l’artiste musicien et arrangeur en séjour sur sa terre natale est venu promouvoir cet opus comme véritable enseignement sur la vie. Outre la promotion de son produit, Mel Malonga a promis de former la jeunesse congolaise sur la bonne qualité musicale. 

L’album « W » en langue vernaculaire lari, « Ecouter » en français, est un enseignement sur beaucoup de choses. Dans cet opus, Mel Malonga parle à la fois de la musique et des scènes de vie courante. Dans le premier titre de cet album intitulé "Bole Bantu", l’artiste parle du rapport avec l’autre, vu qu’on a toujours besoin de l’autre pour tout ce qu’on fait dans la vie. Il reconnait que la base de sa musique, c’est la rumba (la rumba c’est la musique traditionnelle qui a donné la rumba) mais qui rencontre d’autres genres de musique. Donc si on a besoin de l’autre il faut le respecter, l’écouter pour équilibrer les choses, précise-t-il.

La chanson "WÂ" titre éponyme de l’album, est un refrain que sa grand-mère lui chantait. Avec cette chanson, Mel Malonga a senti l’urgence d’aller à la source de la rumba congolaise. C’est d’ailleurs l’un des rythmes traditionnels qu’il aime, le rythme « Mapassa » ou « les jumeaux » qui est en train de disparaître à petit feu au Congo. Avec cette chanson, il a voulu rendre hommage à un grand griot qui l'a beaucoup inspiré, en la personne de Léon Malonga. Dans "WÂ" tout comme dans "Bole Bantu", on sent la touche de ce fameux griot.

Mel Malonga a revisité Casimir Zoba dit Zao à travers la troisième chanson "Requiem de l’amour" de cet album. Il a retracé musicalement le chemin qu’avait emprunté la musique congolaise lors du commerce triangulaire. Il a joué aussi le rythme percussif que le premier percussionniste des « Bantous de la capitale », Pandi jouait ; une façon de lui rendre hommage. Bref, toutes les douze chansons de cet album sont des chansons autobiographiques, chacune avec son histoire.

Une vingtaine d’artistes en formation

Conscient d’avoir hérité du patrimoine musical et artistique laissé par ses ancêtres, Mel Malonga pense qu’il faut le fortifier et le partager, comme cela se dit dans sa langue traditionnelle Kongo « Wa dia fua yikadio ». Au regard de cela, l’artiste nourrit toujours une vive envie de leur partager son expérience.

Chaque fois qu'il arrive à Brazzaville, il sélectionne les artistes musiciens pour travailler avec eux. Pour cette descente, il a sélectionné une vingtaine d’artistes, dont six bassistes, quatre guitaristes, claviéristes, batteurs, … « Nous travaillons sur plein de choses dont l’harmonie musicale. C’est même pour ça que j’ai lancé cet album parce que j’ai constaté que les musiciens qui jouent ne connaissent pas nos rythmes traditionnels. D’autres encore les jouent mais ne connaissent pas ce qu’ils jouent. C’est pour cela que je fais ces ateliers. Mon rêve est d’amener les Congolais à garder leur identité ; c’est ça qui fait ma force ; c’est ça qui fait que de tout temps on a besoin de moi. Et tout cela, c’est grâce à l’héritage que j’ai reçu », a souligné Mel Malonga.

En effet, après avoir pris le temps d’interroger son patrimoine musical par rapport au rythme, par rapport aux mélodies dans l’espace culturel et traditionnel du Kongo, il a senti l’urgence de partager toutes ces choses qui l’habitent. « J’ai constaté que nous sommes en train de perdre cet esprit. Depuis que je suis en Europe, je travaille avec beaucoup d’artistes, mais je constate qu’ils ont besoin de cette tradition. C’est ça qui les attire. Voilà pourquoi quand j’échange avec les jeunes je leur demande toujours d’avoir l’identité. Les gens auront besoin de toi si tu les apporte ce qu’ils n’en ont pas », a déclaré l’artiste.

Pour Mel Malonga, au Congo et en Afrique centrale, les artistes ont beaucoup de talents, et de facilité de jouer toutes les musiques du monde. Et cette facilité fait que les musiciens sont complexés. D’où, la majorité des chanteurs veulent chanter comme des Américains. Et comme musicalement ces artistes musiciens l’écoutent beaucoup, il a senti cette urgence et décidé de partager toutes les choses qui l’habitent pour les pérenniser et leur montrer le chemin.

Par rapport à cet album, Mel Malonga rêve d’un monde où les êtres humains s’accordent comme des instruments de musique. Car les accords musicaux même quand ils ne s’accordent pas, on les arrange et ils s’accordent.

Rappelons que Mel Malonga est dans la musique depuis les années 1980 à l’âge de seize ans. Il a débuté dans l’orchestre « Les Anges » où il a effectué la tournée avec cet orchestre en Afrique du sud. Puis dans les années 1990 il a joué avec « Les Très fâchés Mouyirika », Rapha Bounzéki, Mamie Claudia, Casimir Zoba Zao. Avec ce dernier, il a effectué beaucoup de tournées autour des années 1995. De tout ce monde, c’est Casimir Zoba Zao qui est son père en musique. Enfin, La musique est héréditaire en lui, puisque fils d’un père et d’une mère artistes.

Rude Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Mel Malonga et la pochette de l’album « WÂ » /DR

Notification: 

Non