Navire congolais arraisonné à Ankara : Qui est derrière la cargaison d’héroïnes saisie en Turquie ?

Samedi 10 Juin 2017 - 16:00

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Les forces de sécurité turques ont arraisonné le 7 juin un navire qui battait pavillon congolais (RDC) aux larges des eaux internationales et qui dissimulait dans ses compartiments secrets plus d’une tonne d’héroïne (soit 1.071 kilos) estimée à 57 millions de dollars.

RDC : Une tonne d’héroïne saisie sur un navire congolaisL’affaire fait grand bruit autant que celle de « Panama papers » qui, il y a quelques mois, avait ébranlé le microcosme politique. La différence, cette fois-ci avec la saisie mercredi 7 juin par les forces de sécurité turques de quarante sacs contenant 1.071 kg (2 361 lb) d’héroïnes, est que la RDC a des arguments à faire valoir pour clamer son innocence dans une affaire dont elle ne maitrise ni les tenants ni les aboutissants. Sur le dos de qui peut-on mettre ce qui est présenté comme la plus grande prise opérée conjointement  par les forces navales turques, les garde-côtes et les forces spéciales de la province de Mersin ? Une question qui taraude bien des esprits au regard des pistes qui se présentent, les unes aussi plausibles que les autres.

Mais dans un contexte de froid diplomatique qui couvre actuellement les relations entre la RDC et ses principaux partenaires, en l’occurrence les USA et l’Europe, assorti des sanctions contre ses dirigeants, la tentation est grande de la part des pourfendeurs du pouvoir de Kinshasa de lui chercher noise, même au prix d’une manipulation éhontée. Tous les coups sont, dans ces conditions, permis. Lorsqu’on sait que la mafia internationale est capable de tout, jusqu’aux pires montages, pouvant se permettre d’affréter un navire et lui coller, en guise de couverture, l’étiquette d’un Etat dont il sait qu’il n’a pas les moyens de revendiquer quoi que ce soit, il y a lieu de relativiser les accusations hâtives portées sur la RDC. En outre, le fait que l’identité et la nationalité des neuf membres d’équipage arrêtés n’aient pas été communiquées pousse à s’interroger si le « Commander Tide » croisé dans les eaux internationales battant pavillon congolais, provenait réellement de la RDC.

Dans une Turquie qui a la réputation d’être une des principales routes de la drogue entre l’Afghanistan et l’Europe, tout peut arriver. Tout est possible. Et même, dans l‘hypothèse d’une connexion éventuelle entre la maffia et certains cercles de pouvoir à Kinshasa, il y a lieu de se demander qu’elle est cette autorité politique ou militaire qui serait tentée de prendre un aussi grand risque tout en sachant que ce business, quoique juteux, a aussi son revers ? Si certains, ailleurs, s’en sont tirés à bon compte, l’expérience parait pour le moins périlleuse avec le risque d’en sortir perdant.

Tout ceci explique la sérénité qu’affiche le gouvernement congolais qui a vite démenti, dans un communiqué officiel, avoir exporté cette cargaison à problème vers la Turquie. De son côté, le procureur général de la République a mis en place une commission pour faire la lumière sur ce qu’il qualifie de « pratiques frauduleuses » très prisées par la haute mafia internationale. « Les autorités congolaises ont dénoncé ces pratiques depuis plusieurs mois et en ont informé tant  Interpol que l’Organisation maritime internationale (OMI) », a-t-il indiqué. La balle est donc dans le camp de l’Interpol qui s’est déjà saisi du dossier dans l’optique de découvrir le pot aux roses. Dossier à suivre.    

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Les tonnes d'héroïnes saisies par les forces navales turques

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