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Ne pas oublier de se regarder dans le miroir

Samedi 11 Avril 2015 - 13:45

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Les Congolais vont assister, dans les jours, les semaines, et les mois à venir, à de nombreuses annonces sur l’élection présidentielle prochaine. Les principales concerneront, sans doute, les candidatures à cette consultation majeure pour le renouvellement de la plus haute fonction d’État chez nous, la présidence de la République. Bonne logique, puisque cela participe, pourrait-on dire, de la volonté collective de renforcer encore un peu plus les assises de la démocratie congolaise.

En règle générale, sur cette question des candidatures, quel qu’en soit le scrutin, la loi fixe le délai de dépôt et de clôture des dossiers, prescrit la période d’ouverture et de fermeture de la campagne électorale. Il s’agit d’un agencement méthodique qui évite, dans une certaine mesure, de faire d’une consultation populaire d'envergure nationale, un rendez-vous de toutes les surchauffes où les acteurs les plus en vue-  les candidats en l’occurrence- se priveraient de sommeil et de repas. Cela semble pourtant le cas, lorsque l’on observe la ferveur avec laquelle les potentiels adversaires du président en poste engagent les hostilités.

À la faveur d’une émission de grande écoute, sur Radio-Congo, dimanche 5 avril, l’invité du « 7 heures dominical » de Jean Madila Pandi Niangui semblait tout bonnement annoncer, non pas sa candidature, mais sa victoire à l’élection présidentielle de 2016. Il promettait, de ce fait, de remettre la démocratie congolaise sur les rails en la débarrassant de tous les maux qui la minent aujourd’hui. Député d’un parti qui brilla durant le règne de son fondateur, Jean-Pierre Thystère Tchicaya, l’invité de notre confrère, avouait avoir été mal élu, mais le démocrate sincère qu’il se proclamait n’a pas pensé utile d'abandonner un mandat qu’il exerce donc en toute illégalité.

À la faveur d’un premier congrès extraordinaire de son parti expédié en deux jours, dans son discours de clôture de ces assises, le Secrétaire général du MCDDI confiait sa foi en l’avènement d’un paysage politique consensuel, crédible et apaisé, persuadé, assurait-il, que les dirigeants politiques congolais sont en mesure de « surpasser leurs clivages ». L’on retient, tout de même, que dans un passé récent, c’est bien un défaut de consensus au sein de ce parti, après la disparition de son fondateur charismatique, Bernard Kolélas, qui l’a précipité dans des dissensions profondes. Née à la suite de ces disputes, la Dynamique républicaine pour la démocratie paraît avoir été l’une des rares formations politiques à ne pas recevoir le carton d’invitation du MCDDI lors de son congrès.

Après une première convention extraordinaire, en 2012, qui se clôtura sur la restructuration de ses instances dirigeantes suscitant la contestation d’une partie de sa base, voici, pour la récidive, le MCDDI tenir son premier congrès extraordinaire deux ans plus tard. Qu’est-ce qui peut bien justifier ce mode opératoire expéditif pour un parti vieux d’un quart de siècle dont l’expérience dans la bonne gestion des affaires intérieures pouvait profiter aux jeunes partis qui naissent ? Sans doute l’absence d’une mise en route consensuelle des mécanismes de fonctionnement de ce grand mouvement politique fondé par le vieux Békol.

Il est certain, comme cela est noté plus haut, que d’ici-là, au rythme de la centaine de partis qui composent l’aréopage politique congolais, les candidatures vont se multiplier, les discours vont pleuvoir, les promesses vont s’enchaîner. Le tout, de la part d’hommes et de femmes plus ou moins connus, qui ont le défaut irréparable de ne répondre de rien, de ne s’excuser de rien, quand bien même tous, à quelque chose près, auraient, pour l’ensemble de leurs œuvres, des comptes à rendre à ce peuple au nom duquel ils revendiquent leur bon droit d’exercer en politique. Chers opérateurs politiques, merci, s’il vous plaît, de présenter vos courtoisies à vos compatriotes à qui vous demandez tant !

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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