Nigeria : cri du cœur des parents des jeunes filles enlevées par Boko Haram

Le chef du Conseil des anciens de Chibok, Pogo Bitrus, dont quatre nièces ont été enlevées a déclaré que cette annonce « était choquante » même si ce que Boko Haram dit n’est pas fiable. « Nous restons dubitatifs quant à des négociations autour de la libération de nos filles. Nous n’avons jamais pris le cessez-le-feu au sérieux : ils n’ont jamais arrêté leurs attaques. Ainsi, l’annonce de leur mariage ne nous surprend pas », a néanmoins relevé Pogo Bitrus.

Pour Enoch Mark, pasteur à Chibok, dont la fille et la nièce comptent parmi les otages, les familles des filles n’ont plus les mots pour exprimer leur souffrance. « Depuis qu’elles ont été kidnappées, nous n’avons aucune certitude sur leur situation. Des informations contradictoires ne cessent de nous parvenir. Dieu seul sait combien de filles ont été kidnappées par Boko Haram. Nous continuons d’espérer qu’elles nous soient rendues ou, si elles ne le sont pas, qu’elles trouvent du réconfort auprès de Dieu », a-t-il lancé. « Nous espérons seulement que le gouvernement redouble ses efforts pour tarir cette insurrection », a lancé Pogo Bitrus.

En mi-octobre, l’armée et la présidence nigérianes avaient déclaré avoir conclu un accord de cessez-le-feu avec Boko Haram, prévoyant notamment la libération des otages de Chibok. Or, dans une vidéo publiée par la secte islamique Boko Haram, Abubakar Shekau a déclaré que les 219 lycéennes enlevées à Chibok ont toutes été converties à l’islam et mariées. Et démentant toute négociation avec les autorités nigérianes, le groupe islamiste s’est vanté d’avoir converti à l’islam et marié les lycéennes enlevées le 14 avril. Son chef dit d’ailleurs en éclatant de rire : « Nous les avons toutes mariées, elles se trouvent dans leurs foyers conjugaux ».

Le leader du groupe terroriste a nié tout accord de cessez-le-feu avec les autorités nigérianes. Il a par ailleurs exclu toute possibilité d’une future de négociation avec le gouvernement. Abubakar Shekau a néanmoins laissé une porte ouverte à un possible échange d’otages contre la libération d’islamistes emprisonnés. La vidéo a fait le tour du monde, et suscité remord et indignation au sein de la communauté internationale. Le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, par exemple a dit que son pays est « dégoûté » par les récentes informations figurant dans la dernière vidéo.

Le récent rapport de Human Rights Watch rapporte que le groupe Boko Haram détient plus de 500 femmes et jeunes filles. Le texte souligne que les mariages forcés sont une pratique courante dans les camps du groupe islamiste. Malgré les multiples appels lancés à l’endroit de la secte à libérer tous les otages qu’elle détient, les violences n’ont pas cessé depuis et de nouveaux enlèvements ont été signalés. Dans le Nord-Est, épicentre de l’insurrection islamiste, les violences ont déjà fait 10.000 morts depuis le début de l’insurrection il y a cinq années.