Nikki Haley à Kinshasa : les parents des prisonniers politiques tiennent à rencontrer l’envoyée de Donald Trump

Lundi 23 Octobre 2017 - 16:40

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L'audience permettra aux concernés d'exprimer de vive voix leurs préoccupations à l’ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, appelée à peser de tout son poids pour que la RDC respectent les engagements pris dans le cadre de l’Accord de la Saint-Sylvestre ainsi que les prescrits de la Constitution et d’autres textes signés par le pays.

Dans une correspondance du mois en cours, le comité des familles des prisonniers politiques de la RDC demande à Nikki Haley, qui séjournera à Kinshasa du 26 au 28 octobre, de peser de tout son poids pour obtenir la libération de ces détenus. Ce comité sollicite, de ce fait, une audience pour lui exprimer de vive voix leurs préoccupations. « Nous avons l’honneur de venir auprès de votre haute personnalité afin de vous faire part de la situation injuste et douloureuse que traversent de nombreux prisonniers politiques de la RDC et leurs familles, depuis des années », ont écrit ces familles dans la lettre signée Patrizia Diomi, Justin Bwembe, William Kalombo, Axel Yangambi et Bongumba Blakenel Bede. Il serait très important pour les familles de ces prisonniers, ont-elles souligné, "que votre haute personnalité puisse recevoir une petite délégation de notre comité, afin de marquer, par ce geste, la volonté des Etats-Unis d’œuvrer en faveur de la liberté et de la justice, comme l’a si bien affirmé le président Donald Trump, en décidant de vous envoyer en mission en RDC, au nom de l’exécutif des Etats-Unis".

Ces familles déplorent, en outre, que malgré les appels de la communauté internationale pour l’application des mesures de décrispation politique et d’autres mesures d’amnistie déjà approuvées depuis 2013, « rien n’est fait pour leur rendre la liberté ». Ells relèvent également que parmi ces cas, il y a celui d’Eugène Diomi Ndongala qui a obtenu une décision sur le plan international condamnant la RDC. « Le cas le plus grave est celui du prisonnier politique Eugène Diomi Ndongala qui a porté plainte contre la RDC en 2014 auprès du Comité des droits de l’Homme des Nations unies, lequel a condamné la RDC sur son cas, par la décision N°2465/2014, à le libérer, à annuler sa condamnation irrégulière et à l’indemniser », ont-elles fait savoir à l’ambassadrice. Les signataires de la correspondance regrettent le fait que malgré que la RDC ait été notifiée de cette décision en novembre 2016, « l’opposant Eugène Diomi Ndongala reste toujours otage du régime Kabila ».

D’autres cas emblématiques

A côté du cas Diomi Ndongala cité comme le plus grave, sont aussi évoqués d’autres prisonniers politiques emblématiques qui devraient être libérés pour la décrisper la situation politique, conformément à l’Accord de la Saint- Sylvestre. Il s’agit notamment de Jean-Claude Muyambo, président de Scode, et Huit Mulongo, objets de poursuites sur la base de montages politico-judiciaires. Celles-ci, estiment les signataires, cachent mal des poursuites politiques ayant souvent trait à l’exercice de la libre expression politique consacrée par la Constitution de la RDC. Il y a encore les cas de Firmin Yangambi et Eric Kikunda, amnistiés depuis 2013, « mais qui continuent à purger de très longues peines pour des raisons politiques ».

Il est, en effet, rappelé que tous les cas les plus graves de détentions politiques sont restés irrésolus, malgré cet accord politique signé, le 31décembre 2016, sous la facilitation des Évêques catholiques de la RDC. Celui-ci a, en effet, prévu des mesures de décrispation politique dont la libération des prisonniers.

Des résolutions précises

Les signataires de la lettre à Nikki Haley regrettent que la situation des détentions injustes des prisonniers politiques en RDC se poursuive en plein lancement du processus électoral, alors que les mesures de décrispation politique constituent, pour l’opposition politique et la société civile de la RDC, un « préalable incontournable » pour le démarrage d’un processus électoral libre, crédible et démocratique. Dans son chapitre 5, souligne-t-on, l’Accord de la Saint-Sylvestre a prévu la libération immédiate des prisonniers politiques emblématiques dont Eugène Diomi Ndongala et Jean-Claude Muyambo. Une commission au sein du ministère de la Justice devrait être mise en place pour étudier tous les autres cas. Cette commission, regrettent ces familles, n’a jamais travaillé dans l’optique d’accomplir cette tâche. « Voilà pourquoi, en dernier recours, nous sollicitons, au nom des prisonniers politiques de la RDC, votre intervention pour que soit mis un terme aux souffrances de ces hommes et femmes souvent malades, après des années de tortures physiques et morales », ont-elles écrit.

A cette lettre, les familles concernées ont aussi associé la liste de leurs membres de famille qui vivent cette situation d’injustice et de négation des droits de l’Homme depuis des années. Elles attendent de l’ambassadrice d’être leur avocate auprès des autorités de la RDC qui restent « sourdes » à leurs appels et à ceux de la communauté nationale et internationale. La détention des leaders politiques de l’opposition ou des activistes de cette famille politique, à cause de leurs opinions politiques, « constitue la preuve la plus marquante du caractère anti-démocratique du régime politique actuellement au pouvoir, sans mandat électif, en RDC », ont-elles soutenu.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Nikky Haley

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