Nord-Kivu : la Cojeunak s’insurge contre l’idée d’une gestion rotative de la province

Mercredi 5 Août 2020 - 17:05

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Pour ces jeunes nande habitant Kinshasa, cette démarche ancrée sur une base ethnique est anticonstitutionnelle, non inclusive et tribale proposée par les trois députés qu’ils classent dans le nombre des personnes qui soutiennent implicitement le découpage da ladite province pour les intérêts politiciens et égoïstes.

 

Dans une déclaration faite le 5 août à son siège, dans la commune de Kalamu à Kinshasa, la Coordination de la jeunesse nande habitant Kinshasa (Cojeunak) a affirmé le soutien de cette communauté au dialogue intercommunautaire tenu récemment dans leur province en vue de consolider le vivre-ensemble entre les différentes communautés du Nord-Kivu. Ces jeunes profitent également de cette occasion pour réitérer la vision pacifiste de la communauté nande, qui vit en paix avec d’autres populations de cette province.

La Cojeunak déplore, par ailleurs, certaines allégations proférées contre la communauté nande au cours de ces assises tendant à annihiler tous les efforts fournis pour la paix, la cohabitation pacifique entre communautés ainsi que le développement de la province. « La Cojeunak condamne les propos discourtois, diffamatoires, calomnieux, tendancieux, téméraires, haineux et mensongers arguant que les Nande sont anthropophages et constituent une menace pour eux », ont indiqué ce jeune dans leur déclaration. Pour la Cojeunak, l’opinion doit savoir que la communauté nande, depuis ses traditions plusieurs fois séculaires, a horreur de voir couler le sang et vit en symbiose et s’intègre parfaitement avec d’autres communautés. De l’avis de cette structure, ce sont ceux qui ont de la mélancolie envers les Nande qui voient en eux un frein à leur agenda conspirationniste et diabolique contre la province, en particulier et le pays, en général.

Une proposition anticonstitutionnelle

Dans sa déclaration, la Cojeunak rappelle que les difficultés que rencontre l’exécutif provincial du Nord-Kivu n’est pas lié au fait qu’il soit chapeauté par un quelconque membre d’une tribu mais plutôt à la non effectivité de la rétrocession des 40% aux provinces. Cette non-effectivité de la rétrocession ne permet pas, selon ces jeunes, à l’autorité provinciale de se doter des moyens nécessaire de sa politique pour le bien être socioéconomique de la province.

Ces jeunes dénoncent, par contre, les tentatives de manipulation politicienne orchestrée par un groupe de trois députés en faveur d’une gestion rotative ancrée sur une base d’ethnicité. Pour eux, cette démarche est anticonstitutionnelle, non inclusive et tribale. « On ne peut se douter de classer ces députés dans le groupe des personnes qui soutiennent implicitement le découpage du Nord Kivu pour les intérêts politiciens et égoïstes », ont-ils dit.

Ces jeunes nande rappellent également que le Nord Kivu est à 70% inhabité et que la problématique foncière ne peut être abordée sous un angle purement cadastral. Ils invitent, toutefois, les autorités à prendre aussitôt des mesures sur le désenclavement et à la lutte contre les insectes impactant négativement les activités agropastorales de la partie ouest de la province.

Une solidarité négative

La Cojeunak dit aussi s’étonner de l’agitation observée depuis un certain temps dans la communauté hutu, qui exige l’annulation de la circulaire  n°01/551/CAB/JP-NK/2016 du 28/05/2016 prise en exécution de la résolution n°002/2016 du 21 mai 2016 de l’Assemblée Provinciale du Nord Kivu comme si les personnes inconnues dont mention dans ladite circulaire serait le synonyme de hutu. « Pareil comportement cache avec peine la vraie face des auteurs de cette agitation, d’autant plus que les personnes inconnues dont question se faisaient délivrer des feuilles de route et des autorisations de circulation alors qu’aucune loi en République démocratique du Congo (RDC) n’exige au Congolais un document pour se déplacer d’un territoire à un autre », a souligné la Cojeunak. Et de s’interroger sur les véritables motivations de ces personnes prétendument inconnues mais aujourd’hui bien identifiées du fait de leur agitation, en se rendant dans une zone où les forces de sécurité congolaise, en particulier les FARDC, disent faire face à une « guerre asymétrique » et la plus insécurisée de la République, comme si ces personnes sont dotées de mécanismes spéciaux de protection, à moins qu’elles soient elles-mêmes auteur de cette guerre asymétrique.

Pour mettre la lumière sur cette situation d’insécurité qui prévaut dans cette partie de la République et riposter contre celle-ci, la Cojeunak exige la mise en place d’une commission d’enquêtes interprovinciale Nord-Kivu et Ituri, « en vue de faire le suivi sur la traçabilité et l’identification des personnes circulant autour et dans les zones en conflit ». Ces jeunes nande attendent de la population de s’activer, en identifiant les nouveaux venus dans leurs quartiers ou villages et se surveiller mutuellement tout en se désolidarisant des groupes armés. Ils appellent également la communauté hutu au sursaut patriotique et l’exhorte à abandonner la « solidarité négative » à l’endroit des « expulsés » de la Tanzanie, sachant que ce ne sont pas des Congolais.

La Cojeunak, qui dit comprendre que plusieurs rebellions sévissant au Nord-Kivu ne sont pas liées à un quelconque conflit intercommunautaire mais plutôt aux positionnements politiques au niveau local et national, aux visées expansionnistes et de balkanisation au niveau international, note que le concept « conflit intercommunautaire » est une fuite en avant pour chercher complicité et soutien dans le chef de la population avec pour argumentaire machiavélique « de défendre la communauté ». Ce qui conduite cette structure culturelle et sociale a exhorter le gouvernement de la République à s’activer d’avantage à l’assainissement des effectifs militaires et à une réorientation stratégique de l’armée pour vaincre une fois pour toute les groupes rebelles et instaurer l’autorité de l’Etat dans cette province et sur l’ensemble du territoire national.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Lecture de la déclaration par le porte-parole de la Cojeunak, Héritier Ngahangondi /Adiac

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