Nord-Kivu : les ex-FDLR récemment démobilisés indésirables à Walikale

Samedi 7 Juin 2014 - 16:20

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La société civile locale prône le rapatriement direct de ces éléments sans passer par un centre transitoire quelconque à l’intérieur de la RDC.

La coordination de la société civile de Walikale dans le Nord-Kivu s’oppose à toute tentative de cantonnement des éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) récemment désarmés dans leur contrée avant leur rapatriement au Rwanda. Cette décision du gouvernement central relayée par l‘exécutif provincial du Nord-Kivu est loin de contenter les habitants du territoire de Walikale qui se disent profondément attristés. D’où la grogne populaire qui entoure cette décision portée par la société civile du Nord-Kivu qui prône le rapatriement direct de ces éléments sans passer par un centre transitoire quelconque à l’intérieur de la RDC, moins encore par le centre de regroupement de Walikale.

Le 6 juin, les responsables de cette société civile locales réunis dans un regroupement associatif étaient sur le point de faire une déclaration pour exprimer leur ressentiment sur cette décision lorsqu’ils étaient arrêtés par les forces de police. Dans la foulée, trois femmes et un homme, en l’occurrence Thomas d'Aquin Mwiti (président de la société civile du Nord-Kivu), ont été appréhendés à Goma. Des mouvements féministes ont également donné de la voix pour protester contre « tout cantonnement des FDLR dans les territoires congolais où ils se sont illustrés par de crimes de viols, meurtres, pillages contre les civils ». Aussi face à la menace policière, aucun des ONG et syndicats n’a pu réunir la presse locale et exprimer son point de vue, révèlent des sources sur place.

Pour la société civile du Nord-Kivu, il est injuste de réserver un tel traitement aux personnes qui se sont rendues coupables de plusieurs cas de violation des droits humains. La population du Territoire de Walikale, explique-t-on, reste endeuillée depuis 1996 du fait des crimes odieux perpétrés par cette force négative qui a incendié des villages entiers, pillé des biens des paisibles citoyens, violé des femmes, etc. Le territoire de Walikale porte aujourd’hui encore les stigmates de cet épisode macabre de son existence lequel a compromis sérieusement son processus de pacification, révèle-t-on.

Le gouvernement, quant à lui, soutient la poursuite de la mise en œuvre des étapes de cette opération devant se dérouler sur le territoire de la RDC. Les ex-FDLR devront dans un premier temps transiter dans des sites hors de leur zone d'influence avant de choisir de retourner au Rwanda ou demander asile. « La reconduite de tout ce monde au Rwanda ne peut se faire que suivant un protocole et des procédures bien codifiées en droit international. Celles-ci impliquent une tripartite (RDC-Rwanda-communauté internationale représentée par le HCR) au cours de laquelle seront identifiés les volontaires au rapatriement, les autres étant orientés vers un pays de relocalisation autre que la RDC », précisait il y a peu le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga. D'ici fin juin, le gouvernement espère que 1400 rebelles (sur les 1500 à 4000 qui restent, selon les sources) se seraient rendus dans les Nord et Sud-Kivu.

Alain Diasso