Notes de voyage : la Nationale 1, en attendant la fin des travaux…

Samedi 10 Mai 2014 - 14:25

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Depuis une décennie, le Congo a engagé une révolution avec l’extension de son réseau routier. En toile de fond, la mobilité des personnes et des biens, le développement des échanges, le désenclavement de l’arrière-pays et, bien entendu, la fin du calvaire pour les voyageurs. En attendant, voyager sur certains axes et tronçons n’est pas aisé même si la variété et la richesse du paysage apportent du plaisir. Bienvenue sur la RN1 !

Au départ de Brazzaville jusqu’à Kinkala, la Route Nationale n°1 a été réhabilitée grâce au financement de l’Union européenne. Près de 75 km pour un voyage reposant et sans douleur, symbole d’un pays qui avance.

Pourtant, dépassé le carrefour de Ngambari (Kinkala), les camionneurs et autres passagers, toutes tripes nouées, doivent affronter l’hostilité de la nature. Une épreuve pour les personnes vulnérables : les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées, etc. 

« Ici commence le vrai voyage ! Et je retrouve l’Afrique. », lance John, un touriste anglais. Les propos ont de quoi choquer mais ils reflètent la triste réalité de cette RN 1, en ce mois de mai 2014. Des propos dignes d’un touriste en quête de sensations fortes et « fier » de voir « l’Afrique conserver son visage authentique qui fait la joie des naturalistes. » C’est ainsi que perché sur un pick-up tout-terrain, John, agrippé avec une main à la barre de fer de la carrosserie, essaie, avec l’autre, de capturer quelques images qui s’offrent à lui. Des prises de vue difficiles au regard des balancements auxquels est soumis le véhicule.

Quelques kilomètres plus loin, nous tombons sur la dure réalité de cette route en chantier. Un spectacle qui nous donne la mesure  du calvaire vécu par ses usagers. Ici, c’est un camion transportant la marchandise qui s’est renversé ; là-bas, une voiture dont le moteur est en feu ; plus loin encore, c’est un autre 4 x 4 appelé « BJ » qui tracte un bus en panne cependant que les passagers, lassés, pataugent dans la boue espérant retrouver une terre ferme pour se reposer.

Un décor qu’achève de planter un embouteillage d’environ un kilomètre, faisant regretter aux uns et autres le choix du voyage par voie terrestre. Sauf peut-être à ce John, vêtu d’une chemise manches courtes et d’une culotte aux multiples poches, dont le visage est estampillé de boue séchée. « Comme vous le voyez, c’est une véritable nasse ici. Elle attrape tout type de véhicule, les petits et les gros, les utilitaires comme les familiales ou les personnels. C’est ici que notre carrière est remise en cause », commente un chauffeur dont l’humour sert de viatique à la communauté de voyageurs désespérés au milieu de cette brousse. 

Mais cette situation est aussi la preuve que notre Nationale 1 est de plus en plus sollicitée par des voyageurs et commerçants qui partent de Brazzaville pour Pointe-Noire et vice versa, alors que, longtemps, le CFCO a détenu le monopole du transport terrestre.

En effet, avec l’intensification des chantiers à travers le pays, la RN1, comme d’ailleurs sa concurrente, la RN2, est sollicitée par les entreprises de construction qui acheminent leurs matériaux en provenance de l’étranger. Il en est de même pour les sociétés forestières et autres qui se « risquent », elles aussi, à évacuer leurs bois et autres produits sur Pointe-Noire.

Telles sont les conditions sur ce tronçon de la Route Nationale n°1, en attendant la fin des travaux de construction confiés à l’entreprise française Dragage. Un défi pour cette société, connue d’ailleurs des Congolais, qui ont donné son nom à un marché de fortune prisé à Brazzaville.

Jocelyn Francis Wabout

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : des véhicules embourbés et des camions renversés ; Photo 2 : Une vue du paysage dans le Pool