Numéro spécial Francophonie : Le rapport de Jacques Attali plaide pour une Francophonie économique et met en garde contre la perte d’influence du français

Mercredi 12 Novembre 2014 - 7:00

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L’ancien conseiller spécial du président français François Mitterrad, Jacques Attali, président de Planet Finance, a remis en août dernier un rapport sur les opportunités économiques de la Francophonie intitulé « La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable »

Jacques Attali a souligné l’opportunité économique majeure que cette francophonie et cette francophilie constituent pour la France et ses partenaires dans un monde concurrentiel. Ce qui impose l’organisation de solidarités linguistiques. Et la langue, socle en partage entre les pays de l’espace francophone, peut permettre d’accroître les échanges de biens et de services.

Les enjeux multiformes

Les enjeux sont immenses. Sixième espace géopolitique par sa population, l’ensemble des pays francophones représente 16% du PIB mondial, un taux de croissance de 7%. En 2050, l’ensemble des personnes parlant le français dans le monde pourrait s’élever à près de 770 millions d’individus. Ce qui pourrait constituer pour la France « une croissance considérable », selon Jacques Attali. Tout doit donc être mis en œuvre pour renforcer cette communauté et rendre cette croissance mutuellement bénéfique. Il faut agir vite et faire de ce scénario une réalité, souhaite-t-il, et que se développe l’enseignement du français partout dans le monde, et que se renforce et s’étende la culture francophone.

Les propositions pour faire de l’espace francophone un atout économique

Il appelle à encourager la croissance dans les secteurs clés et liste 53 propositions pour faire l’appartenance à cet espace un atout économique pour le xxie siècle dont les grands axes sont le développement de l’enseignement du français par la création d’un groupe privé d’écoles françaises ; attirer les populations qui ne parlent pas le français à partir de la musique et du cinéma français par la création d’un netflix francophone ; organiser une offre de cours en ligne francophone interactifs et diplômants ; renforcer les mobilités d’étudiants et de chercheurs, d’entrepreneurs ; organiser un réseau d’influences francophones ; encourager la croissance de secteurs clés comme le tourisme, le numérique, la santé ou l’électricité.

L’objectif ultime étant de « créer une union francophone que l’Union européenne qui donnera à la France un levier d’influence et aux pays francophones un moyen d’agir tout à fait considérable ». L’auteur du rapport invite à imaginer « une union francophone aussi intégrée que l’Union européenne », qui deviendrait à ses yeux « un acteur politique et économique essentiel dans le monde ».

Les conséquences de la perte de pouvoir de la langue française pour la France

Jacques Attali met en garde contre le chômage qu’engendrerait en France une perte de pouvoir de la langue française dans le monde. Il dégage un autre scénario noir qui serait dû à une baisse de la population « francophilophone » sous la pression de la concurrence des autres grandes langues internationales et face aux difficultés de certains pays de la communauté notamment du Sud à assurer l’accès à l’éducation de leurs populations en situation d’explosion démographique.

Les conséquences seraient d’une grande ampleur pour l’économie française : une perte de parts de marchés pour ses entreprises, l’effondrement du droit continental au profit du droit anglo-saxon des affaires, la perte d’attractivité pour les universités, la culture et les produits français. Ce qui entraînerait la destruction, selon lui, de 120 000 emplois en France dès 2020.

Michaëlle Jean présente sa vision de la Francophonie
« Notre monde fait face à de nombreux défis, que ce soit en matière de sécurité, de stabilité, de développement, d’éducation ou encore de santé, comme l’épidémie du virus Ebola nous le rappelle. La solidarité et la coopération entre les pays de la Francophonie peuvent apporter des pistes de solutions concrètes à ces défis. Ensemble, nous pouvons montrer ce qu’il est possible d’accomplir lorsque toutes les volontés sont rassemblées. » Ses rencontres lui ont permis de partager sa vision pour la Francophonie du xxie siècle et d’entendre les priorités et les attentes de divers pays membres de l’OIF. Elle estime qu’il est important de prendre en compte leur vision de l’espace francophone de demain.

Noël Ndong