Objectifs de développement durable: l’Afrique partagée entre espoir et importants défis

Lundi 25 Mars 2019 - 15:00

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Une pénétration numérique avec des taux et des pourcentages encourageants ; une croissance globale de 3,2% considérée comme au bas de l’échelle : le continent africain est animé par un réel espoir, mais devrait relever d’importants défis en vue de réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.

Les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement, ou leurs représentants, vont plancher sur les différentes questions, du 25 au 26 mars à Marrakech, au Maroc, à l’occasion de la cinquante-deuxième session de leur conférence.
Celle-ci est organisée en partenariat avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) sur le thème « La politique fiscale, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique : une stratégie pour l’Afrique ».

Un segment ministériel ou un dialogue de haut niveau et une table ronde sont les grands moments d’échanges d’expériences devant marquer cette conférence qui intervient au moment où l’Afrique célèbre le premier anniversaire de la création de sa Zone de libre échange qui attend au moins une ratification pour son entrée en vigueur.

Une croissance au rabais 

Essentiellement tirée des matières premières dans bon nombre de pays situés notamment au sud du Sahara, la croissance globale de l’Afrique est de l’ordre de 3,2% en 2018. Mais, les niveaux de cette croissance varient considérablement d’une sous-région à l’autre.

Selon la CEA, l'Afrique de l'est, regroupant principalement des pays qui ne sont pas riches en ressources, est en tête du peloton, affichant une croissance estimée à 6,2 % en 2019, tirée par l'augmentation des dépenses publiques dans les infrastructures et le boom de la construction, de l'immobilier et du commerce de détail.

D’après l’agence onusienne, l’'Afrique australe, malgré une certaine reprise, ne devrait atteindre que 2,1 % cette année. Tandis que certaines des plus grandes économies africaines : l'Angola, le Nigeria et l'Afrique du Sud, rebondissent du fait de la reprise de la consommation privée, mais les niveaux de croissance restent faibles.

« Dans toutes les sous-régions, le taux de croissance par habitant est inférieur au taux de croissance démographique », a relevé Vera Songwé, secrétaire exécutive de la CEA.

« Les niveaux de croissance restent inférieurs à ce qu’ils devraient être pour que le continent réalise les objectifs de développement durable », a-t-elle souligné.

« Pour y parvenir, l'Afrique doit tripler le taux de croissance actuel de 3,2 % en 2018, ce qui demandera une augmentation des investissements et de la productivité », a conseillé Vera Songwé.

« En outre, la croissance du PIB par habitant, de 0,6 % en 2018, est trop faible pour influer sur la pauvreté et les inégalités », a-t-elle dit encore. 

Plus qu’une décennie sépare l’Afrique de la réalisation des ODD destinés à créer de nouvelles opportunités dans le domaine de l’emploi, par exemple.

C’est au regard de cette échéance que « la pression s’intensifie sur les pays en développement et les moins développés. (…). Nos pays sont aujourd’hui appelés à impulser une nouvelle dynamique de croissance », a analysé Mohamed Benchaaboun, ministre marocain de l’Economie et des finances.

Il a énuméré trois grands préalables pour y parvenir. Il s’agit d’assurer un cadre macro-économique sain et résilient ; de promouvoir l’initiative privée et de se repositionner sur l’environnement international selon une approche gagnant-gagnant.

« Il faut rationnaliser et mieux cibler les dépenses publiques. Il ne s’agit pas de taxer plus et dépenser moins ; mais de taxer équitablement et de dépenser mieux », a-t-il fait savoir.

Outre l’amélioration de sa croissance, l’Afrique doit aussi intensifier la lutte contre les flux financiers illicites qui représentent plus de cinquante milliards de dollars par an.

« Pour un avenir fait de prospérité et de paix, il faut investir dans la jeunesse. Au moins cent trente millions d’emplois doivent être créés d’ici à 2030 en Afrique », a suggéré Amina Mohammed, vice-secrétaire générale de l’ONU.

L’Afrique est aussi appelée à corriger le déficit de financement d'infrastructures, qui constitue un obstacle majeur à l'amélioration des capacités de production. Ce déficit est estimé entre cent trente et cent soixante-dix milliards de dollars par an, dont le continent mobilise environ la moitié.

Le numérique, un atout indéniable
En Afrique, si les réflexions se poursuivent sur la stimulation d’une croissance inclusive, le renforcement du secteur privé et les avantages à tirer de la zone de libre-échange, mais d’énormes opportunités sont déjà observées dans la numérisation rapide.

Dans plusieurs pays africains, l’économie numérique devient l’un des principaux moteurs de la croissance, représentant plus de 5 % du PIB. A titre d’illustration, au Kenya, les services financiers mobiles ont révolutionné le secteur financier et accéléré le rythme de l’inclusion financière.

En moyenne, les Kényans ont effectué en 2018 des transactions mobiles d’un montant de cent millions de dollars par jour, soit quarante milliards de dollars par an et près de la moitié du PIB du pays. Le Sénégal, quant à lui, s’est fixé pour objectif de tirer 10 % de son PIB de l’économie numérique d’ici à 2025.

« Le commerce numérique en Afrique connaît une croissance rapide, à un taux annuel estimé à 40 %, et devrait atteindre plus de trois cents milliards de dollars d’ici à 2025 », a indiqué Vera Songwé.

Avec un impact dans les technologies de l’information et de la communication, le commerce, les transports, l’éducation, la santé, l’agriculture et les services publics, l’économie numérique offre d’énormes possibilités de croissance inclusive sur le continent.  

La Rédaction

Légendes et crédits photo : 

La photo de famille des ministres africains des Finances; Une vue du présidium de la réunion de Marrakech. / DR

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