ONU : des divergences autour de la crise politique au Venezuela

Lundi 28 Janvier 2019 - 13:25

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La crise est montée d'un cran dans le pays depuis que l’opposant Juan Guaido s’est autoproclamé président. Le 27 janvier, devant le Conseil de sécurité  des Nations unies réuni à la demande de Washington, les délégations ont affiché de très profonds désaccords.

Les divisions se sont révélées avant même le débat, puisque le délégué de la Fédération de Russie, estimant que la situation au Venezuela n’était pas une menace à la sécurité internationale, a demandé que ce point de l’ordre du jour soit mis aux voix. Il a été finalement adopté par neuf voix pendant que quatre voix ont été contre et deux abstentions.
Les États-Unis et une majorité de pays latino-américains, l’Allemagne, le Brésil, la Colombie, le Pérou et le Royaume-Uni, ont, en effet, appuyé  Juan Guaidó, président par intérim « autoproclamé » du Venezuela, l'estimant en mesure de mener le pays vers une transition démocratique et de nouvelles élections.
Pour eux, la situation au Venezuela constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales car, elle dépasse les frontières du pays et menace la stabilité régionale.
Une position maintenue par la France qui a estimé « tout à fait légitime » que le Conseil examine le sujet, alors que la crise au Venezuela se propage jusqu'aux pays voisins. Elle a appelé à une solution politique et négociée à la crise, affirmant que si des élections n’étaient pas organisées dans huit jours, la France avec l'Union européenne étaient prêtes à reconnaître Juan Guaidó comme président par intérim.
Le secrétaire d'Etat des États-Unis, Mike Pompeo, a affirmé que Cuba était derrière le gouvernement « oppressif » et « anti-démocratique » de Nicolás Maduro et exhorté les Etats à « prendre parti ».
« Nous appelons tous les membres du Conseil de sécurité à soutenir la transition démocratique au Venezuela et le rôle joué par le président par intérim Guaidó », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, la Fédération de Russie, l’Afrique du Sud, la Bolivie, la Chine et la Guinée équatoriale ou bien encore Cuba ont souligné la légitimité du président Nicolas Maduro et se sont opposés aux menaces ainsi qu'à l’ultimatum lancés contre le Venezuela.
Ils ont indiqué qu’il n’était pas question d’une menace à la paix et la sécurité internationales mais de respect de la souveraineté et du droit de chaque pays à résoudre ses affaires sans ingérence étrangère, conformément au droit international et à la Charte des Nations unies.
« Si quelque chose représente une menace pour la paix, c'est l'attitude effrontée et agressive des États-Unis et de leurs alliés qui cherchent à renverser le président du Venezuela légitimement élu », a déclaré l'ambassadeur de Russie à l'ONU, Vassily Nebenzia.
Plusieurs pays ont averti que le renversement du gouvernement du Venezuela créerait un précédent très dangereux pouvant être appliqué à d'autres pays à l’avenir à l’issue de leur processus électoral. Ils ont ainsi rappelé les crises récentes provoquées notamment après la destitution de gouvernements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza, a affirmé qu'il avait été démontré que son pays n'était pas seul face à la tentative de coup d'État orchestrée par les États-Unis « et ses satellites » dans la région.
Il a affirmé que son gouvernement était ouvert au dialogue, citant à titre d'exemple le processus à Saint-Domingue, abandonné à la dernière minute par l’opposition.
Ainsi, il a assuré que personne ne déclencherait une guerre civile au Venezuela comme le prétendent certains et remercié les initiatives en faveur du dialogue, soulignant que le Venezuela « est irrévocablement libre et indépendant ».
 

Yvette Reine Nzaba

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