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Où va l’Amérique de Donald Trump ?

Samedi 17 Décembre 2016 - 18:26

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Bien malin est celui, ou celle, qui peut répondre avec certitude à la question que se posent aujourd’hui les dirigeants du monde entier. Car le président nouvellement élu des Etats-Unis est à tous égards imprévisible comme le montre la liste pour le moins bigarrée des personnalités qui l’entoureront lorsque Barack Obama lui remettra les clés de la Maison Blanche, mais comme le prouvent aussi et peut-être plus encore les « tweets » qu’il lance de façon régulière à ses « fans » comme à ses détracteurs.

Conclure de ce qui précède que l’Amérique, la grande Amérique, sera elle-même imprévisible est aller vite, beaucoup trop vite, en besogne. La Maison Blanche, même lorsque son locataire est appuyé par un Congrès acquis à sa cause, est en effet loin de détenir le pouvoir réel. Elle doit compter, d’une part, avec les engagements pris dans tous les domaines par l’Etat  dans les décennies précédentes, d’autre part avec la très puissante machine fédérale qui regroupe à Washington les administrations chargées de protéger les intérêts fondamentaux de la nation américaine.

Qu’il le veuille ou non Donald Trump devra composer avec le Département d’Etat, le Trésor, Le Pentagone, les Services de renseignement intérieurs et extérieur, avec également les groupes de pression dont le pouvoir, dans les actions de la vie quotidienne, est beaucoup plus grand qu’on ne le croit. Au cours des cinquante dernières années John Fitzgerald Kennedy, Lyndon Johnson, Richard Nixon, Gerald Ford, Jimmy Carter, Ronald Reagan, George H.W. Bush, Bill Clinton, George W. Bush, Barack Obama en ont fait l’un après l’autre l’expérience, parfois très dure ; aussi leur successeur ne doit-il se faire aucune illusion sur ce qui l’attend durant les quatre années de son premier mandat.

Ce que l’on peut, que l’on doit, espérer du nouvel élu et qui n’est pas impossible compte-tenu du pragmatisme, voire même du cynisme dont il a fait preuve en construisant sa fortune est une approche plus réaliste que ses prédécesseurs de l’environnement international dans lequel les Etats-Unis se meuvent aujourd’hui. Même s’il adopte une posture apparemment dangereuse face à la Chine, son comportement vis-à-vis de Vladimir Poutine semble indiquer qu’il ne lancera pas son pays dans des aventures aussi absurdes et décalées par rapport à la réalité que les guerres du Vietnam, d’Afghanistan, d’Irak et dans une moindre mesure de Libye ou de Syrie dans lesquelles ses prédécesseurs se sont embourbés.

Le problème numéro un auquel Donald Trump va devoir consacrer l’essentiel de son temps et de son énergie est l’affaiblissement continu de l’Europe. Confronté au Brexit britannique, à l’incertitude politique qui fragilise la France, à la crise politique qui secoue l’Italie, à la reprise des tensions financières entre la Grèce et l’Union Européenne, à l’afflux incontrôlable et incontrôlé des migrants vers les côtes européennes, le Vieux continent a perdu, aux yeux des Américains, la crédibilité qui était jusqu’à présent la sienne. Il n’est plus l’allié sur lequel Washington pouvait compter en toutes circonstances. Et là se trouve le problème principal que va devoir résoudre Donald Trump, problème qu’il n’a aucune chance de régler s’il n’entretient pas de bonnes relations avec Moscou et donc avec Vladimir Poutine.

Compte-tenu de ce qui précède il ne serait pas surprenant que le discours du nouveau président des Etats-Unis change brutalement dès le 20 janvier prochain, se fasse plus raisonnable, plus ouvert, moins brutal. La haute administration américaine, mais aussi les milieux d’affaires dont l’influence grandit fortement mettront tout en œuvre, soyons en certains, pour que Donald Trump ne se fourvoie pas comme l’ont fait nombre de ses prédécesseurs.

Attendons et voyons.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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