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Ouesso

Jeudi 14 Mai 2015 - 16:59

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Pendant longtemps Ouesso a été la capitale congolaise du cacao. À l’époque, les cacaoyers bordaient la route Ouesso-Souanké, de même que la route, en direction de Makoua, jusqu’à la Mambili. Lors d’une conférence publique à Paris en 1886, De Brazza pensait « qu’il faut compter que certaines cultures convenablement établies sous une latitude qui est celle de Sumatra, de Bornéo, du Brésil s’ajouteront encore aux richesses naturelles ».

Les premiers essais de cacao sur le continent se concentrèrent sur l’ancien Gabon et allaient jusqu’au Kouilou. L’Afrique centrale est donc la région dans laquelle se firent les premières expérimentations de la culture du cacao. Mais aujourd’hui, c’est l’Afrique de l’Ouest qui compte les deux plus grands producteurs de cette denrée, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Au Congo, la production du cacao est désormais résiduelle alors que « Cette région de la Sangha a été témoin d’une grosse activité commerciale dès l’apparition des Européens. En 1900, on y trouvait déjà des comptoirs et en 1904, l’importante société de la Ngoko-Sangha » y régnait féodalement, se livrant à la traite de l’ivoire et du caoutchouc. L’on parle déjà de récoltes annuelles de 60 tonnes de caoutchouc et de commercialisation de 7 tonnes d’ivoire ». Grâce à  de belles terres rouges et une excellente pluviométrie, en 1960, la Sangha produisait près de 800 tonnes de cacao. Au fil des années, la production a crû régulièrement, avant de stagner et régresser. Ouesso, en dépit de la décrue de sa production de cacao reste encore une belle promesse pour le développement de cette denrée dont la consommation mondiale est en constante progression. Quelle est la situation aujourd’hui ? Je n’en sais rien. Mais le potentiel existe. Mais pour le développer, il faut une vraie politique dans ce domaine.

Mais cette observation, en 1912, de l’administrateur de la Sangha mérite attention. Il écrivait : « il ne faut pas compter que ces régions deviennent avant longtemps des centres de production et la raison en est que ce pays, par sa richesse naturelle en produits du sol fera toujours de l’indigène récolteur et chasseur plutôt un consommateur qu’un producteur ». À cette donnée, il faut ajouter la mentalité de « fonctionnaire » qui a poussé toutes les forces vives vers la bureaucratie. Contrairement aux pays comme la Côte d’Ivoire, sous la bannière du slogan « un fonctionnaire, un champ », qui incitait ses « bureaucrates » à se lancer dans l’agriculture, le Congo, par ses choix politiques, a parfois fortement contrarié certaines initiatives dans ce domaine. Depuis quelques années, heureusement, certains cadres n’hésitent pas à se lancer dans l’agropastorale. Mais ce mouvement naissant doit être encouragé, amplifié et rationalisé. Seule une politique, conçue comme un instrument de structuration, peut permettre une maîtrise et une mise en cohérence de ces actions éparpillées. On en est encore loin.

Mardi 15 mai dernier, le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, a officiellement lancé les travaux de la municipalisation accélérée du département de la Sangha, qui entraîneront inéluctablement des changements importants dans les villes comme Mokéko, Souanké Sembé et Bolozo à la frontière camerounaise. Ce qui a longtemps caractérisé ce département, c’est le mauvais état des routes. Jusqu’à la construction de la route Brazzaville-Ouesso, la Sangha était reliée à la capitale par bateau et quelques rares liaisons aériennes.

Ce département a longtemps souffert de cet enclavement. Longtemps, tournée vers le Cameroun voisin pour ses approvisionnements, la Sangha est désormais reconnectée au pays. Les flux importants de ses échanges commerciaux avec le reste du pays témoignent de cette reconnexion. La route, qui ouvre désormais des perspectives intéressantes pour l’évacuation des produits vers les centres de consommation et d’exportation, permettra, il faut l’espérer, de booster la production agricole, d’une manière générale, et celle du cacao, en particulier, pour faire du Congo, dans les prochaines décennies, un gros producteur de cette matière première.

 

MFUMU

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